par Yoan » Lun 2 Fév 2015 12:14
Ironiquement, à en lire ce qui se dit à droite à gauche sur les réseaux sociaux, on est quelques uns ici à être maintenant rangés dans le sac des fermés d'esprit qui n'acceptent pas le changement, parce que "Frogstomp c'est fini", et que Daniel Johns a toujours refusé de sortir deux fois le même disque depuis "Neon Ballroom". Je suis même tombé sur un article qui vante de façon élogieuse le courage de Johns, lequel tente - c'est vrai - des pirouettes stylistiques complètement folles considérant les attentes prétendues de sa fan base.
A cela, deux choses quand mêmes :
- Je ne vais pas nier l'indéniable, le fait est que, personnellement, je nourris à l'encontre du R'n'B contemporain (et j'insiste bien sur le terme "contemporain"), une forme de dégoût épidermique. Pour moi, c'est une mouvance majoritairement peuplée de produits musicaux contrefaits où des frimeurs aux abdos saillants minaudent des niaiseries entre deux "Ouh, ouh", juste pour ficeler une imagerie "sexy" à même de faire des ravages dans les chambres d'adolescentes. Une musique à gimmicks construite par des professionnels du business plan, qui piétine tout ce qu'était le Rhythm & Blues pour le remplir de vide, de mélodies mielleuses déjà toutes prêtes, d'attitudes de poseur ridicules et de maniérisme vocal irritant. Alors évidemment, on va trouver quelques exceptions : Paint sur Facebook citait James Blake (personnellement je ne connais que le joueur de Tennis du même nom, mais je veux bien le croire), Alicia Keys ou éventuellement Beyoncé (j'essaie d'être diplomate). On y ajoutera deux ou trois inconnus, histoire de parfaire la liste. Mais une petite brochette d'exceptions ne fait pas un courant musical, lequel semble plutôt pouvoir se définir par les cargaisons de Usher like qu'on y déplore.
- Même quand on a dit ça, et qu'on essaie d'écouter cet "Aerial Love" en se promettant de lui laisser une chance, sans discrimination de genre, on se demande très vite pourquoi on se force à ce point là. Passons sur les arrangements et la prod' dite "minimaliste" : en dehors du fait que le morceau n'a quasiment aucun argument mélodique à faire valoir, c'est "pas mal fait". Disons qu'on sent que c'est construit dans un écrin esthétique témoignant d'un certain savoir faire, ce qui est quand même un minimum quand on s'entoure de professionnels. Il reste deux gros soucis... Premièrement, la charpente mélodique du morceau est complètement insignifiante, ou "minimaliste" diront les plus indulgents. Là est ma grosse déception parce que pour moi, Johns est avant tout un songwriter, un admirable faiseur de mélodies. C'est d'ailleurs bien pour cette raison que j'ai fini par succomber aux Dissociatives : il suffit de réécouter "Horror With Eyeballs" pour se rappeler jusqu'où il est capable de porter son écriture, quand il s'attache à conjuguer expérimentations et songwriting.
Là, on a un titre dépouillé jusqu'à la moelle qui ne laisse plus de place qu'aux ambiances et perf' vocales. Sachant en plus que son chant y est - c'est un comble - à la fois caricatural et maladroit, il n'y a déjà plus rien à garder. Ses voix de tête sont grossières, on dirait un mec qui imite Rihanna, et le reste est fade. Alors très franchement, j'aurais du mal à ne pas le dire, pour synthétiser : c'est d'la merde, aussi pures soient les intentions derrière.
Cela dit, chaque jour je m'étonne des retours positifs que le titre récolte jusque sur Youtube, au point que j'en viens à douter de l'écueil du bide commercial.
Si ça marche, je me convaincrai pour de bon que je ne suis pas fait pour bosser en maison de disques parce que très franchement, je n'arrive toujours pas à piger qui ce truc va intéresser. Je parle en tout cas du single, et non de l'EP, dont il reste les 3 quarts à découvrir... J'ai envie de dire que le reste ne peut pas être pire, mais je ne suis plus sûr de rien.