
Ce post n’est ni une review, ni une rétrospective détaillée sur la saga Pokémon. Il s’agit juste d’une tentative de démystification adressée principalement aux gamers qui sont passés à côté du phénomène, soit à cause de leur âge, soit à cause de leur réticence à jouer sur portable.
Car ces gens-là ont tendance à considérer Pokémon - avec ou sans mépris pour la chose - comme un RPG pour enfants, et du coup, ils sont persuadés que ce n’est pas fait pour eux. Or, à l’instar de Mario, la poule aux œufs d’or de Game Freak ne cible pas uniquement les moins de 12 ans. Il serait bon de s’en rendre compte, et d’arrêter de faire l’amalgame avec le dessin animé.
En outre, l’année dernière, j’avais rédigé un pavé dans lequel je présentais Golden Sun comme le RPG initiatique par excellence, et chemin faisant, je m’étais permis de préciser que Pokémon ne pouvait véritablement prétendre à ce titre. Eh bien j’ajouterai même que, pour quiconque est un vétéran du RPG, un Pokémon a infiniment plus d’intérêt qu’un Golden Sun. Surtout avec une connexion Internet à disposition.
Et si ces affirmations vous étonnent ou vous intriguent, je vous invite fortement à lire ce qui suit, parce que vous ignorez visiblement tout d’une des meilleures franchises de Nintendo.
L'expérience pokémon
Le joueur le savait.
Il l’avait entendu dire, maintes fois, que c’était bien davantage que des jeux pour gamins. Et il s’était laissé convaincre. Pourtant il fallut plusieurs années pour que l’envie lui naisse. L’envie de tenter l’expérience Pokémon.

Ses connaissances sur la série étaient pour le moins superficielles. On pourrait en dresser la liste que ça ne prendrait pas beaucoup de temps.
Voyons voir. Il savait déjà que l’univers était très cartoon et bon enfant, quoiqu’il n’était pas sûr que les images de Sacha, de Pikachu et de la Team Rocket qui s’affichaient dans son esprit fussent fidèles à ce que le jeu proposait. Il connaissait aussi plus ou moins la mécanique principale de la série, qui a donné lieu au célèbre slogan « Attrapez les tous ». Tout le jeu reposait apparemment sur la capture de bestioles appelées Pokémon, qu’il fallait ensuite entraîner au combat.
Et sinon, quoi d’autre ? Ah oui, la pokéball. C’est en balançant une pokéball qu’on capture les Pokémons. Une information qui, en fait, ne l’avançait pas tant que ça. Est-ce qu’on peut rater une capture ? Y a t-il même une phase de gameplay consacrée à la capture ? Probablement, mais il n’en savait trop rien.
Il avait aussi entendu parler d’un nombre ahurissant de pokémons disponibles, excédant facilement la centaine. Et cela l’inquiétait. Il redoutait que le jeu n’ait d’intérêt que pour les collectionneurs. Il redoutait que l’accent soit mis davantage sur la recherche des bestioles que sur leur élevage et leur emploi en combat. Il redoutait un contenu trop conséquent pour un gameplay trop pauvre. Il redoutait, somme toute, la répétitivité et la lassitude.
Pourtant, à l’idée de découvrir tout cela, son impatience grandissait.
Car le joueur ne savait rien d’autre. Ni le but du jeu, ni ses règles, ni son contenu, ni son scénario.
La partie commença plutôt classiquement, avec le choix du sexe et du nom de l’avatar. Toutefois, le joueur s’étonna d’avoir à choisir aussi le nom de son rival. Il faut dire que les RPG, habituellement, n’offraient jamais la possibilité de renommer l’antagoniste. Mais bon, soit. Pourquoi pas ? Et après avoir laissé libre cours à son imagination, il comprit « pourquoi pas »...

Quelques minutes de jeu plus tard, le joueur fut confronté à un choix beaucoup plus perturbant : celui d’un pokémon de départ, parmi trois différents.
Il avait, certes, eu le temps de visiter le village, et de repérer quelques clins d’œil amusants comme la SNES dans la chambre de son avatar. Mais toute l’information qu’il avait pu tirer à propos des pokémons se résumait au fait que, s’il voulait s’aventurer dans les hautes herbes, il lui fallait en posséder. Il ne savait donc rien qui aurait pu lui permettre de trancher entre un pokémon de type feu, eau ou plante. Or, c’était justement ce qu’on lui demandait.

Un peu pris au dépourvu, le joueur choisit finalement le pokémon élémentaire du feu. Totalement au pif, bien entendu. Quoique celui-là avait une bouille un peu plus sympa que les deux autres. C’est alors que le fameux rival fit son apparition, s’enticha de la créature aquatique, et provoqua immédiatement le joueur en duel pour ce qui allait être leur premier combat de pokémons à tous les deux. Ça y est, le jeu commençait !
L’eau a toujours été efficace contre le feu. C’était un classique. Le joueur s’attendait donc à ce que son rival soit avantagé pour cette première bataille. Cependant, il eut l’impression de ne souffrir aucun handicap lors de ce combat. C’était même lui qui tapait le plus fort. Il lui a donc suffi de bourriner la seule attaque offensive à sa disposition pour remporter la victoire. Rien de bien palpitant.
Il vérifia ensuite ce qu’il avait déjà deviné : les attaques avaient aussi des types. C’était sans doute parce que « charge » n’était pas une capacité aquatique que son adversaire n’avait aucun avantage apparent.

Le décor était désormais posé. Le joueur devait vaincre huit champions disséminés de par le monde, et compléter une encyclopédie consacrée aux pokémons en rencontrant de nouvelles espèces. Peu après ces maigres – mais suffisantes – explications, il reçut ses premières pokéballs.
Et leur utilisation n’avait franchement rien de sorcier. On pouvait lancer une pokéball à tout moment, mais pour augmenter ses chances de capture, il valait mieux avoir d’abord affaibli le pokémon visé. La difficulté étant bien sûr de réussir à retenir ses attaques pour ne pas mettre la proie K.O sans l’avoir voulu. En somme, il fallait savoir doser le risque. C’était sympa.
Mais plus la partie avançait, et plus il se sentait perdu.
Impossible par exemple, d’anticiper et de comprendre les forces et les faiblesses des différents types. Après tout, il y en avait plus d’une quinzaine. Et non seulement les pokémons pouvaient en cumuler deux, mais on ne pouvait deviner le(s) type(s) des pokémons adverses qu’à partir de leur apparence. Ce qui rendait la compréhension des affinités entre les types d’autant plus difficile qu’il n’allait pas de soi – par exemple - que les attaques de type insecte fussent efficaces contre le type psy !
La capture aussi, s’était notablement enrichie. Déjà parce que maintes pokéballs de caractéristiques très différentes – et pas toujours explicites - avaient fait leur apparition, mais aussi parce qu’il n’était possible d’avoir certaines espèces de pokémon qu’en en faisait évoluer d’autres, et que lesdites évolutions nécessitaient parfois des conditions extrêmement alambiquées. Sérieusement, on était censé le deviner comment, que Ninjask n’évoluait que s’il était accompagné de moins de cinq Pokémons ? Ou que Capumain ne se transformait en Capidextre qu’après avoir appris l’attaque « Coup double » ?

Le joueur qui a su déduire, au fil de ses expériences,
l'ensemble de ces affinités est un mythe
Plus la partie avançait, et plus il se sentait perdu.
Il avait notamment découvert qu’il était possible de faire tenir un objet à un pokémon, soit pour qu’il l’utilise de lui-même pendant un combat, soit pour qu’il bénéficie passivement d’un certain effet. Il s’était aussi enfin décidé à utiliser les CT et les CS, afin d’apprendre à ses pokémons des attaques parfois rares, et dont certaines étaient utilisables hors combat. Puis il prit connaissance des pokémons légendaires - uniques et super chauds à capturer - ainsi que des pokémons chromatiques - rarissimes (1 chance sur 8192 pour en trouver) et plus forts que leurs semblables - et ensuite des capacités spéciales des pokémons, de leur système de reproduction ovipare, de la culture de baies, de la fabrication de pokéblocs, des bases secrètes, de la pêche, du casino, des concours, du safari, des attractions, etc, etc, etc…
Effectivement, il y avait de quoi être perdu.
Un monde de secrets
Un contenu d’une taille et d’une originalité qui déstabilisent.
Voilà ce à quoi Pokémon confronte les novices, et – les médias ne cachant cela à personne - je ne vous ai peut-être rien appris en le faisant remarquer. Cependant, cela ne suffit pas pour expliquer l’engouement des joueurs. Car ce dernier revêt plusieurs visages. Pokémon est non seulement une figure majeure du jeu vidéo – c’est tout de même LA licence reine des consoles portables – mais elle est également importante à plus grande échelle dans la culture geek, notamment dans le monde du hack et dans celui de la stratégie. Si bien que pour vous faire sentir l’ampleur du phénomène, il va me falloir le lier à Internet et en aborder un sacré nombre de facettes.
Pas de spoil en perspective, donc, mais il faudra tout de même compter avec des informations qui sont loin d’être connues de tous les joueurs de Pokémon, et que j’espère édifiantes.

Déjà, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que les mecs de chez Game Freak poussent le concept assez loin quand il est question d’instiller un peu de mystère et de secret dans l’aventure.
Tantôt ils obligent le joueur à fouiller la notice pour trouver de quoi déchiffrer des textes en braille, et tantôt ils laissent supposer l’existence d’une île mirage qui apparaît tellement rarement que neuf joueurs sur dix ont cru que c’était une blague. Le pire étant que ça aurait pu être une blague, effectivement, puisque c’était déjà le cas pour ces étranges pokémons appelés « zarbis », qui ont tous la forme d’une lettre de l’alphabet, qui puent le mystère comme pas permis, et qui ne servent en fait strictement à rien. Ajoutez à cela ces quelques Pokémons légendaires que les joueurs voyaient sans cesse sur l’écran de leur télé, mais jamais sur celui d’aucun Game Boy, et vous comprendrez aisément pourquoi Pokémon est aujourd'hui à la racine d’un véritable réseau de légendes urbaines.
En effet, pour ce qui est de la circulation d’astuces inexactes et de rumeurs infondées, que ce soit sur Internet ou dans les cours de récré, Pokémon bat des records. Après tout, quand un gosse rêve de capturer le légendaire Mew, mais que c’est impossible parce qu’il est européen et que le seul moyen de l’avoir est de remporter un concours organisé au Japon, quoi de plus naturel pour lui que de vouloir croire aux méthodes grotesques dont il a eu vent ? On en est à un point où le mythe fait partie intégrante de l’expérience. Je me souviens même avoir traité (gentiment) un camarade de mytho car un de ses pokémons avait, soi-disant, été infecté par un virus. Bien sûr, le pauvre était tout-à-fait honnête, mais la probabilité que ça arrive était d’une chance sur 21 845. Evidemment, moi, je n’y avais jamais eu droit. Et sans accès à Internet, difficile de croire sur parole une vérité aussi étrange.

Bref, je peux vous dire que jamais un univers n’a autant stimulé mon imagination que celui de Pokémon. Et n’étant pas un cas isolé, ça s’est transformé en une effervescence sur la toile, aussi bien du côté des fan-arts que des fans-games, ou que des fans-[insérer n’importe quel type de création]. Très franchement, il n’y a rien d’excessif à considérer, encore aujourd’hui, la communauté des « Pokémaniacs » comme une des plus productive qui soit sur Internet. Et là, j’enchaînerais volontiers avec moult réalisations graphiques, musicales ou écrites dégotées par-ci par-là. Sauf que, si je tiens à être lu, j’ai des impératifs de taille à respecter. Du coup, je vais simplement me limiter à une fan-fiction qui a fait le tour du web. C’est même, pour être plus précis, une creepypasta – c’est-à-dire une histoire qui fait flipper sa race – intitulée « Le syndrome de Lavanville ».
Explications.
On peut visiter, dans les premiers Pokémon, une ville qui ne se cache pas de porter sur la thématique de l’horreur. C’est là que se trouve le cimetière pour pokémon – où des dresseurs viennent carrément pleurer leurs défunts compagnons d’aventure - et c’est aussi là qu’on capture les seuls pokémons de type spectre du jeu. Qui plus est, une de ses habitantes vous demandera si vous croyez aux fantômes. Et si vous lui répondez non, elle en déduira que la main toute blanche sur votre épaule est fausse. Bref, vous êtes à Lavanville, et c’est la ville qui fait peur.
Et si l’atmosphère de ce lieu a traumatisé marqué les joueurs, c’est en très grande partie grâce à cette musique :
Ce morceau - très triste, presque dépressif et un poil inquiétant - est devenu culte, ce que ne dément pas le nombre ahurissant de reprises trouvables sur Youtube. Et la réputation de l’histoire du syndrome de Lavanville y est clairement pour quelque chose. En effet, puisque ce thème ne foutait apparemment pas encore assez la trouille comme cela, les fans ont cru bon d’écrire une histoire à propos d’un joueur décédé suite à l’écoute d’une version dite « originale » du thème de Lavanville. Ça a donné « l’histoire des fréquences manquantes de Lavanville ». Puis le récit a fait son petit bout de chemin, et des fans ont voulu l’enrichir et l’améliorer. Conséquence de quoi il est maintenant question de suicides de centaines d’enfants japonais causés par la toute première version de Pokémon, ainsi que de sprites et de messages malsains apparus à l’insu des développeurs. Et comme toujours avec les fans, le tout est appuyé par une piste audio et des images réalisées avec le plus grand soin.
Dans le cas où cela vous intéresserait, vous pouvez lire ce truc-là intégralement en cliquant ici.

Pour précision, contrairement à ce qu'on pourrait croire,
cette image n'a pas été retouchée
Vous visualisez maintenant sans doute beaucoup mieux ce que l’univers énigmatique et nébuleux de Pokémon a pu inspirer aux fans. Mais ne croyez pas avoir cerné la face immergée du « Poké-Iceberg » pour autant !
Tout ce qu’on a vu là n’est ni plus ni moins que le rêve de tout développeur de RPG : les joueurs ont complètement déliré sur l’univers du jeu et ses non-dits, de façon à construire tout autour un mythe assez incroyable, mêlant légendes, secrets et fiction. Et c’était fait pour. Autrement dit, les fans ont agit comme les développeurs l’avaient espéré. Cependant, vous imaginez bien que les fans de Pokémon n’allaient pas gentiment rester dans le cadre de ce qu’avait pu prévoir Game Freak. Et en l’occurrence, parler au contraire du cauchemar de tout développeur serait presque à propos…

151.
Voilà le nombre annoncé fièrement par Game Freaks, lorsqu’il s’agissait de faire valoir la diversité des créatures capturables dans les jeux de la première génération.
Mais aujourd’hui, cela en fait bien rire certains.
Cela fait rire ces joueurs qui prétendent en avoir capturé beaucoup plus. Parfois 160, parfois 170.
Demandez une preuve, et c’est en esquissant un sourire narquois qu’ils vous la donneront.
Accusez-les de triche, et soyez assurés qu’ils ne lâcheront rien.
Car leur univers est celui du glitch.
Et le glitch, c’est pas de la triche.
Pour ceux qui ne sauraient pas ce qu’est un glitch, ce n’est rien d’autre que l’exploitation volontaire d’un bug. Donc en gros, il s’agit de tirer profit des limitations techniques de la console et de la fainéantise – ou de l’incompétence - des développeurs. Du coup, évidemment, plus il y a de glitchs dans un jeu, plus ses créateurs ont de quoi avoir honte.
Et sans vouloir vexer quiconque, dans le cas de Pokémon, il faut avouer qu’on en compte un sacré paquet. Il en existe même un qui permet d’attraper le fameux légendaire Mew, dont les espoirs de capture ont pourtant été la source des rumeurs les plus improbables. Mais ce qui a intéressé les fans, c’est surtout la capture de pokémons qui ne sont pas censés exister : des "pokémons glitchés", pour ainsi dire. De quoi donner à « Attraper les tous » une toute autre signification.
Et le délire est allé assez loin, puisque les fans ont découvert pas moins de 70 pokémons glitchés, ainsi que des méthodes pour capturer 23 d’entre eux. Par exemple, ci-dessus, vous avez les cinq formes que peut prendre MissingNo, le plus célèbre des pokémons glitchés. Et si vous voulez découvrir d’autres créatures de la sorte, telles que ‘M, PkMn ou encore ゥ, je vous laisse un lien vers un dossier ultra-complet sur le sujet, rédigé par un forumeux passionné et tout aussi incapable que moi d’écrire de façon courte et concise.

Un cosplay d'un pokémon glitché. Carrément.
L’univers génère du mythe parce qu’il recèle des secrets, et dans un registre plus technique, la cartouche aussi. En conséquence, Pokémon est presque plus riche dans le mystère que dans le concret, ce qui n’est pas peu dire compte tenu du contenu faramineux de la franchise. Voilà ce qui, de mon avis, explique l’intérêt des joueurs pour cette série.
Mais l’intérêt parfois meurt. Et vous êtes parfaitement en droit de vous demander pourquoi les fans les plus âgés continuent, inlassablement, de jouer à une série qui évolue peu et dont ils ont rodé les mécaniques depuis belle lurette.
Pourquoi continuer de jouer à pokémon?
Le glitch et l’imaginaire collectif, c’est bien beau, mais je ne voudrais pas donner l’impression que la communauté n’est active qu’en dehors du jeu. Parce que les pokémaniacs sont, avant tout, des joueurs. Et de ce fait, on ne coupe ni à la formation d’une élite, ni à l’établissement d’une théorie de la stratégie Pokémon. Or, quel meilleur motif pour continuer à jouer que d’essayer de rester compétitif à haut niveau ?

Si certains fouillent la cartouche en quête de bugs et de failles à exploiter, d’autres y voient l’occasion de parfaire leur connaissance du jeu. Comment calculer ses chances d’effectuer un coup critique ? Ou comment entraîner ses Pokémons de façon optimale ? Tel est le genre de questions auxquelles il est aujourd’hui obligatoire de savoir répondre pour tenir la route en face d’un dresseur expérimenté.
Mais comme les détails techniques ne font pas tout, les fans ont aussi théorisé sur la composition d’une équipe équilibrée de pokémons, sur les aptitudes de chaque espèce, et leur habilité à exécuter différents rôles. Le tout accompagné de moult classifications, et d’un vocabulaire complètement hermétique aux non initiés.
Plutôt impressionnant quand – comme moi – on n’y pipe rien.

Lui, c'est Arash Ommati. Il a été sacré champion de la catégorie master
du tournoi mondial de Pokémon en 2013
En somme, Pokémon est "encore" joué exactement pour la même raison que Street Fighter II est encore joué : parce qu’il y a de la compétition.
Ceci dit, vous aurez bien compris que le niveau requis pour profiter de cet aspect-là de Pokémon n’est pas accessible à tout le monde. C’est bien pourquoi seule une minorité de fans tire sa motivation de la compétition. Les autres, s’ils ne décrochent pas de la série, c’est à cause des hacks.
Le hack – à ne pas confondre avec le glitch – consiste à modifier un système de données. Il est donc, en l’occurrence, question de modifier les jeux Pokémons. Mais pourquoi faire, exactement ?
Eh bien, figurez vous qu’il y a une sacrée demande, chez les fans.
Certains reprochent aux jeux officiels d’être trop faciles ou trop lents, tandis que d’autres ne supportent pas les décisions purement mercantiles de Game Freak. Le fait que chaque jeu ne mette à disposition qu’un seul fichier de sauvegarde a en effet été beaucoup décrié par la communauté. D'une part parce que c'est chiant de ne pas pouvoir recommencer un jeu sans effacer son ancienne partie, mais surtout parce que chaque famille se voit contrainte d'acheter une cartouche par joueur. De même, le fait que les jeux sortent par générations est proprement honteux. Alors qu’ils auraient pu – classiquement - sortir un "Pokémon 1", ils ont décidé de mettre en vente Pokémon Rouge et Pokémon Bleu : deux jeux quasi-identiques, et dont la différence ne tient à une poignée de pokémons exclusifs. Impossible, du coup, de viser le 100% dans la version Rouge si vous n’avez pas d’ami possédant la Bleue. C’est frustrant au possible. Et ça dure depuis que la série existe.
Mais c'est justement là que le hack intervient, puisqu'il s’est naturellement imposé comme LA solution à ces aberrations commerciales.

Le hack s’est-il imposé à Pokémon, ou Pokémon s’est-il imposé au hack ?
Dire que la pratique du hack s’est popularisée est un euphémisme, dans le cas de Pokémon.
Du challenge, de la rapidité, des clins d’œil, du fanservice : tout était devenu possible ! Les fans se sont donc faits plaisir, et ont littéralement conquis le monde du hack de jeu vidéo.
Les nostalgiques se sont chargé de remettre les premières générations au goût du jour – et ce bien avant que Nintendo n’en commercialise les remakes – les puristes ont offert aux hardcore gamers de quoi s’arracher les cheveux, les plus créatifs ont pu se lancer dans le design de nouveaux pokémons et dans la création de scénarios originaux, les rigolos ont laissé parler leur sens inné de la parodie, et les fans de l’anime ont adapté les aventures de Sacha et de Pikachu en jeu.
Difficile, du coup, de ne pas trouver son bonheur parmi tout ce qui a été produit. Et ça n’a rien d’étonnant : avec tout le mythe qui gravite autour de la série, les fans ne risquaient pas de manquer d’idées ! D’ailleurs, au cas où vous en douteriez, l’histoire du syndrome de Lavanville a évidemment eu droit, elle aussi, à son hack.
Voilà donc ce à quoi joue actuellement une très grosse partie de la communauté, et voilà ce qui maintient leur intérêt pour la série. Une seule chose à dire, donc : vive le hack !
Et je terminerai en conseillant à ceux qui ont déjà joué à un Pokémon de s’intéresser quelques instants à Pokémon Gemme. C’est tout de même actuellement le plus gros projet de hack français en la matière, et ce qu’il propose n’est pas piqué des hannetons : les 4 premières générations de jeux réunies en une seule grande aventure, avec une difficulté revue à la hausse, un gameplay revisité, un scénario modifié et l’apparition de personnages emblématiques de l’anime tels que Jessie et James. Le jeu Pokémon ultime, quoi. Aucun fan ne devrait ignorer l’existence d’un truc pareil.


Graphiquement non plus, c'est pas dégueulasse. Il faut l'avouer.
Si vous êtes arrivé jusqu'ici, je suis heureux de vous apprendre que vous n'êtes plus, désormais, un parfait ignorant du phénomène Pokémon. Félicitations !
Vous pouvez donc retourner vaquer à des occupations normales, ou tout simplement les poursuivre s'il s'avère que je parle déjà dans le vide. Sachez néanmoins que je ne compte pas m'arrêter là, puisqu'il serait absolument indécent que je ne dise rien sur l'évènement qui m'a motivé à écrire cette présentation.
Un autre post sera à venir, donc. Dans pas longtemps.