T'as probablement raison pour la scène avec Gollum, mais c'est la seule que j'ai pu sortir du lot. Je l'ai vécue comme une respiration, aussi artificielle soit-elle, et c'est la seule qui a éveillé en moi un début d'émotion et d'empathie/répulsion pour des personnages. Le reste pour moi, c'est du jeu vidéo vaguement scénarisé. Mais un jeu vidéo auquel on ne pourrait pas jouer, voyez. Faudra que j'aille lire le blog de l'Odieux Connard tiens, parce qu'autant il est saoulant à la longue à tout défoncer, autant sur un film pareil, il a dû s'éclater.
Sinon, est-ce que tu sais si tu as vu le film en haute fréquence, c'est à dire en 48 images par seconde ? Parce que j'aimerais bien m'assurer ne pas être le seul à trouver ça hideux, cette espèce de sur-fluidité qui "casse" les filtres cinématographiques. J'ai déjà ce problème avec ma télé' HD, et j'ai peur que ce soit le format du futur... (Mais quel vieux réac' je fais).
Bon, sinon, avant de vous parler de "Jack Reacher" (qui m'a bien fait rire, même si ce n'était pas vraiment là son intention) et de "Ernest & Célestine" (qui est une merveille, même si visant clairement les très jeunes), j'ai envie de me risquer à l'exercice du Top 10 tant j'ai vu foule de films cette année. Il y a quelques redites par rapport à mes posts, mais je fais ce que je veux.
1 - Take Shelter (Jeff Nichols)On en a déjà beaucoup parlé, confronté nos visions, etc. Donc je n'y reviens pas, sauf pour dire que Jeff Nichols est définitivement à suivre comme un possible futur très grand du Cinéma.
2 - Margin Call (JC Chandor)Porté par LE casting de l'année - l'addition de talents réunis pour cette toute petite prod' donne le vertige - Margin Call invente le docu-thriller, dialogues brillants à la clé. Et non, ce n'est pas un truc de gauchistes effarouchés, c'est juste un vrai moment de Cinéma, qui peut se revoir 3 ou 4 fois, tant le contenu est riche.
3 - Moonrise Kingdom (Wes Anderson)Wes Anderson est revenu à des choses plus simples et ça lui va bien. En tout cas, personnellement, comme l'avait souligné cici, je le préfère accessible, quitte à être un peu dans la retenue. Objet onirique de haut niveau pour le moment d'évasion de l'année.
4 - Batman : The Dark Knight Rises (Christopher Nolan)The Avengers, c'était bien, mais le mec à Hollywood aujourd'hui qui sait proposer du blockbuster à la fois burné et riche de différents niveaux de lecture, c'est Nolan, plus que n'importe qui. Point. (Pas taper, Finquel
).
5 - Millenium (David Fincher)Le meilleur rôle de Daniel Craig cette année n'est pas celui qu'on croit. D'une réelle beauté, à la fois plastique et ambiante, le film de Fincher suinte la classe par tous les pores. Avec en sus une narration hyper maîtrisée, ça valait bien cet énième remake, une fois n'est pas coutume.
6 - Tyrannosaur (Paddy Considine)"Drame social" c'est une étiquette qui peut faire peur mais Considine, pour sa première en tant que réal' signe un film courageux, dur et touchant sans être plombant, et surtout, jamais moralisateur. Avis aux amateurs de Ken Loach.
7 - Argo (Ben Affleck)Il y a les "pour" et les "contre", moi vous pouvez me ranger sans problème dans la case des enthousiastes convaincus. En tâchant de se départir de son ambition de reconstitution historique, le film fait le bon choix en se révélant tendu et malin dans la gestion d'un suspense, pourtant largement éventé par son statut d'histoire vraie. Pas de stéréotypes foireux, en plus, ça fait du bien.
8 - Ernest & Célestine (Benjamin Renner)Je voulais absolument faire figurer un long métrage d'animation dans mon top 10. Et après avoir pas mal hésité (notamment avec "Les Enfants Loups"), mon choix s'est porté sur le plus enfantin, et le plus artisanal d'entre tous. Fait "à la main", le film exerce une attraction charnelle qui remet vite à leur place les objets polygonés, animés par une machine. Le quasi-monopole des algorithmes, c'est aussi la quasi-disparition du travail d'animation. Je sais que je le répète sans arrêt, mais je le dirai aussi longtemps que nécessaire. Quant au récit, il est diablement subtil et prouve que ce n'est pas parce qu'une histoire peut s'adresser à des marmots de 3 ans, qu'il faut bâcler l'écriture. Eux aussi ont droit à du lourd. Ce très beau film fait oeuvre de résistance, et même que j'y reviendrai dans le topic qui va bien.
9 - Looper (Rian Johnson)Un film de SF hyper dense, qui articule dans sa narration les enjeux dramatiques avec une aisance qu'on ne voit plus beaucoup.
10 - Lawless (John Hillcoat)Film de gangters ultra classique et sanguinolent, Lawless ("Des Hommes sans Loi" en VF) a surtout pour lui un respect méticuleux des codes du genre, avec une efficacité jamais prise à défaut. Comme en plus, le film prend le temps de poser son intrigue et ses personnages, le tout dans une Amérique de la prohibition plus vraie que nature, on marche volontiers.
J'ajoute un énorme bon point pour la BO signée Nick Cave, avec en sus une scène magnifique rythmée au son d'une belle reprise de "So You'll Aim Toward The Sky" de Grandaddy.