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[Yoan]

Disons que la polémique aurait alors méritée d'être aussi sévère concernant "Black Swan", ouvertement inspiré du film d'animation de Satoshi Kon, "Perfect Blue". Parce que de la même façon, Aronofsky dément tout lien de parenté, alors que - et c'est là que c'en est presque drôle - on le sait pourtant friand du réalisateur/animateur Japonais, récemment décédé, puisqu'il lui rend même hommage dans "Requiem For a Dream"... C'est un peu comme si moi je réalisais demain un film avec une Delorean en disant que "Back to The Future" n'a rien à voir là dedans.

Et on est bien d'accord : les hommages c'est très bien quand on les assume. Dans le cas contraire, c'est de l'ordre du larcin plus ou moins ennuyeux. Là, faute d'avoir vu le film de Coppola, je m'abstiendrai de tout commentaire, même si j'imagine qu'il n'y a pas (tant) de fumée sans feu.

Après, polémiques mises à part, ne te méprends pas hein : c'est une comédie dramatique française. Ca en a l'esthétique, à plusieurs égards le ton, et bien évidemment les moyens. J'ai appris à porter un jugement impartial sur ces films sans faire de discrimination de genre, même si je suis le premier à dénoncer le formatage franchouillard qui nous vaut nombre de productions calibrées pour coller à notre "exception culturelle", en se gardant bien de montrer l'ambition de s'en libérer. Je le pense d'ailleurs toujours.
Mais là, pris pour ce que c'est, je maintiens mon avis très positif. Ou alors, faudrait être parfaitement loyal, et taper de la même façon sur les blockbusters bien foutus mais formatés à l'échelle Hollywoodienne. Ou considérer que fondamentalement, "Men in Black 3", c'est forcément mieux qu'une comédie sans budget, et sans effet spéciaux.

[Paint]

[Auré]

[Paint]

De toute façon, comme je l’ai lu quelque part, je sais pas si c’est ici ou ailleurs, la première personne à blâmer n’est pas elle mais Christopher Nolan. J’ai quand même du mal a imaginer qu’une scène aussi peu crédible ai pu passer le nombre incalculable d’étapes dans la construction d’un film hollywoodien. Mais pour résumer les deux plus importantes, tout de même, comment penser que monsieur Nolan, ai pu regarder la scène sur son petit moniteur, pendant le tournage, vu ca, crier « cut ! » et dire « c’est bon les gars on la garde ? »

Ca me fait presque penser a Ed Wood de Burton, dans lequel Ed Wood ne retourne jamais deux fois la même scène.

Mais surtout, SURTOUT, comment imaginer Nolan en salle de montage, visionner ca a tête reposée et se dire « putain les gars, que d’émotions ». Non, j’ai du mal.

[Yoan]

[Yoan]

Jason Bourne : l'héritage

Je n'avais jamais vu aucun des volets de la trilogie (quadrilogie ?) avant celui-ci, et j'y allais sans attente particulière. Ça démarre sur des bases très lentes et posées, sans enchaînement hystérique de scènes d'action. C'est même honnêtement assez complexe pendant près d'une heure, soigné en termes de dialogue, et bien tenu au niveau du scénar'. Mais à mesure que le mystère perd en épaisseur, le film gagne en banalité, jusqu'à une fin honnête mais sans saveur.
Dans le créneau "espionnage", ça reste quand même sympathique, habile, moins "vide" et plus exigeant que la moyenne du genre.

Pauline Détective

Un court métrage étiré pour faire un film, c'est l'impression que m'a laissé cette parodie débordante de scènes inutiles. Après, je suppose que cette comédie policière est réussie si on peut supporter la présence dans le même film de Sandrine Kiberlain et Audrey Lamy. Mais là, je passe mon tour.

Ted

Beaucoup lui reprochent une lâcheté qu'on pourrait résumer au fait que le film n'est "trash" qu'en surface. Dans le déroulé scénaristique, dans la morale de fond, il est effectivement conforme aux codes les plus habituels du genre. Cela étant, là n'était probablement pas le propos. Ted est un pur délire de forme. Il reprend scrupuleusement le squelette d'une comédie romantique ultra-formatée pour mieux appuyer ses effets comiques. Ce que n'ont pas compris tout ceux qui le lui reprochaient, c'est que l'exercice parodique fonctionne ici précisément parce qu'il respecte un cahier des charges attendu. S’amuser à bouleverser le fond, c'était risquer de voir les effets s'annuler, et le film passer à côté de sa caricature.
Pour ne rien gâcher, le film est à ce point bien écrit et mis en scène que jamais il ne donne l'impression d'empiler les sketchs. Ted suit un récit fluide en intégrant à la perfection une foule de références sub-culture savoureuses, lesquelles devraient largement faire écho à la cible réelle du film : les jeunes trentenaires.
Ah et puis la peluche est merveilleusement animée. Elle exécute tous les gestes du quotidien avec un naturel saisissant, et se révèle d'autant plus drôle qu'elle joue à merveille de sa dualité comique. Dans la même scène, elle peut être adorable puis parfaitement scabreuse. Difficile d'exploiter mieux que ça l'idée forte du film.

[Yoan]

Attention, préparez-vous à faire le grand écart cinématographique. Ce post est à ce titre à caractère quasi expérimental.

Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté
Du sous-Chabat mal digéré qui ne fait illusion que sur deux ou trois vannes. Dans l'ensemble, ça reste évidemment très inférieur aux BD que le film saccage, et après Clavier et Cornillac, même Edouard Baer peine à tenir le rôle-titre.

Stars 80
Bon, déjà, arrêtez de me regarder comme ça
Après nous avoir infligé le film abordé ci-dessous, Auré aurait pu me traîner n'importe où sans que j'aie le droit d'émettre un début de soupir.
Cela dit, c'est un film pendant 20 à 30 minutes. Le reste ne fait que s'appuyer sur des participations en pagaille, pour caler des vieux tubes à la chaîne, comme dans une vulgaire émission de divertissement sur TF1. Alors si on n'a pas ne serait-ce qu'un début de tendresse pour des "Début de Soirée" et autres "Patrick Hernandez", la dernière heure est très pénible. Le bon point est que tous - et Jean Luc Lahaye le premier - acceptent de rire d'eux-mêmes, et le film tient debout quand il joue de sa ringardise. Mais comme d'une part Zeitoun, dans le rôle ridicule du méchant de la maison de disque, semble quand même devoir nous faire comprendre que qui n'aime pas les 80's n'est rien qu'un vilain, et comme d'autre part, il y a Lio, difficile d'être tout à fait indulgent.

Amour
Michael Haneke. Un grand nom du Cinéma, un réalisateur maintes fois primé, loué par la critique, et qui pour ce dernier fait d'arme, n'a glané rien de moins que la Palme d'Or 2012 à Cannes. J'y allais tout à fait conscient que ça allait être lent, cérébral, certainement dur, mais de la part d'une telle sommité, je me disais que ce ne serait pas vain. Et bien, si.
C'était même absolument horrible. Qu'on s'entende bien : montrer de façon frontale ce que c'est de mourir à petit feu, faire dans ses couches, perdre la boule, et faire peser la souffrance également sur ses proches, ça ne me gêne pas fondamentalement. "Amour" n'est pas un film trop dur au sens strict du terme, il est en revanche totalement dénué de distanciation artistique. Il est froidement clinique, ne montre aucune médiation du propos par un ton. Il est ce qui, demain, permettrait de dire qu'on peut filmer un gars se raser le matin, aller se faire chier pour un taf' de comptable, rentrer en faisant la gueule dans le métro, avant d'avaler un plat surgelé pour aller se coucher et recommencer, et dire "C'est une fable d'une force inouïe qui dénonce la vacuité de la vie modelée par la société de consommation". Si vous voulez hein, mais a-t-on vraiment envie de voir ça ? Encore une fois, la question n'est pas de savoir si l'on souhaite se protéger de sujets trop durs à encaisser, la question est de savoir si l'art en tant que filtre interprétatif, peut se passer d'un véhicule, d'un message métaphorique. D'une "distance", pour revenir sur le terme à mon sens essentiel. "Amour" ne développe à mon sens aucune idée - ni sur le fond, ni sur la forme - il prend le parti de montrer avec un goût prononcé pour les plans fixes un état de décrépitude qui nous met face à la mort.
Si encore l'exercice se révélait émouvant ou même dérangeant, j'aurais tout à fait pu évoquer une réussite. Mais ce film - qui porte donc très mal son titre - est juste chiant, et on ne fait que semblant de s'y intéresser pendant 2 heures. Les sentiments sont totalement comprimés dans cette entreprise de négation du Cinéma, qui décline en vain l'idée qu'il ne faut surtout pas s'écarter du chemin de l'ultra-réalisme. Sauf qu'au contraire d'un documentaire, "Amour" n'a rien à dire.
M'est avis que le Cinéma est un médium qui à différents niveaux propose des paraboles. L'art est dans la création, or, ne s'attacher qu'à filmer une réplique du réel s'en éloigne. Alors vrai que Haneke ne peut pas être taxé d'user de raccourcis, clichés, et facilités de récit. Mais sérieusement, à quoi bon ?

Bon, je vais aller voir des bons films, maintenant.

[Auré]

Je me suis endormie devant Amour, et j'ai regrettée de m'être réveillée "trop tôt" ! Dans la salle la moyenne d'âge était d'une bonne cinquantaine d'années bien tapées, dès qu'il y avait une action on entendait "hannnnn", même moi... Nan mais la chose la plus chiante, c'est la façon de jouer des acteurs. Je ne saurai trop l'expliquer, mais c'était insupportable ! J'ai regardé mardi soir un reportage sur les malades d'Alzheimer, bin franchement, je préfère ça de très loin !! Ça, ça me touche !! Parce que comme le dit Yoan, avec le film Amour, rien pas une seule émotion, on ne ressent rien devant, et pourtant, moi, pour donner un exemple, je peux pleurer devant Desperate ou autre série de ce style !!!

[Paint]

En même temps, le coté Clinique et totalement hermétique que tu décris, c’est la marque de fabrique de Michael Haneke.

Je n’ai aimé qu’un de ses films (Caché), le reste j’ai toujours trouvé que ca tombait dans la provoc’ pour la provoc’, et personnellement, voir Isabelle Huppert se mutiler les parties intimes (La Pianiste), très peu pour moi. Il pose très bien ses situations mais le manque de recul, l’absence d’empathie pour ses personnages (et les spectateurs) me rebutent totalement. Mais j’dois pas être assez Telerama.

[Yoan]

J'aurais aimé voir "de la provoc' pour de la provoc", j'aurais eu le sentiment de voir quelque chose. D'autant que j'aime être un spectateur malmené, bousculé etc.
Même si effectivement, il filme régulièrement en gros plan - fixe, qui plus est - la déchéance d'une femme en fin de vie, comme pour pénétrer l'intimité du couple, ça soulève moins la gêne ou le dégoût que l'ennui.
Mais oui, je découvrais Haneke sur le tard, et ça ne me donne que peu envie de réessayer.

Dans le film, Jean Louis Trintignant, parlant de l'état de sa femme à sa fille, dit "Tout ça ne mérite pas d'être montré". Et bah pas mieux. Ça résume tout à fait le nœud central de cet objet cinémato-soporifique.

[Silver*Dream]

Je n'ai pas vu Amour mais d'Haneke je conseille tout de même Le Ruban Blanc pour lequel il avait aussi reçu la palme d'or en 2009, d'ailleurs. Ça reste assez clinique, mais le thème se prête bien à ce regard puisqu'on assiste au délitement d'une communauté marquée par sa rigueur morale et son autoritarisme. Pour moi ce n'est rien de moins que la naissance du totalitarisme allemand à la veille de la première guerre mondiale. Haneke s'en est un peu défendu, mais forcément lorsque tu contextualises ton film, c'est difficile de ne pas faire de lien... En tout cas c'est très bon!

Personnellement je ne vais plus au cinémaaa, le dernier film que j'ai vu était Samsara (un documentaire) suite à l'émerveillement de quelques personnes croisées en soirée, et... Certes c'est joli toutes ces scènes idoines filmées de par le monde sur des cultures toujours différentes - parfois j'ai fait "ooooh!", et il et contient deux/trois scènes excellentes à la limite de la fiction, mais c'est le genre de documentaire-contemplation qui n'a pas beaucoup d'impact sur moi car j'ai l'impression que le propos politique est un peu trop grossier... MAIS dans le même temps ça me semble important de se rappeler la beauté de notre monde, aussi idiot que cela puisse paraître. Je le conseillerais assez, car pour le genre ça reste un must, mais il ne faut pas avoir un regard trop écaillé.

[cici]

Qu'appelles-tu un regard "écaillé" ? ^^; En tout cas merci d'en avoir parlé ça me tente bien, dès qu'il y a des belles images je suis preneuse, propos politique ou pas. Chez nous il ne sortira que début 2013 apparemment.

[Yoan]

Frankenweenie : La critique s'était enflammée pour ce que beaucoup disaient être le meilleur film de Burton depuis longtemps, voire l'aboutissement d'une obsession cinématographique de longue date chez le cinéaste... Sauf que tout dans ce film a déjà tellement été éventé dans tout ce qu'il a produit depuis 10 ans que cet "aboutissement" ressemble surtout à une rediffusion. Alors intrinsèquement, c'est soigné, stylé, joliment rythmé etc. Mais il manque l'étincelle de la nouveauté, probablement.

Skyfall : L'entreprise de "déringardisation" de la saga James Bond semble (enfin) arriver à terme, avec ce volet nerveux, tendu, et réussi sur (presque) tous les plans. Javier Bardem, assez épatant dans le rôle du méchant, fait beaucoup pour le film en lui offrant un détraqué de premier choix. Après, ça reste un James Bond, avec tout ce que ça comporte d'archétypes et de scènes d'action n'importe nawaquesques. Mais le tour de force réside justement en l'articulation des codes de la saga, avec le caractère moins propret avancé (et confirmé ici) depuis l'arrivée de Daniel Craig.

Looper : Je sais que certaines personnes bloqueront sur l'immodestie caractérisée de certaines scènes à la frontière du grand-guignol, mais en quelques mots - parce que je veux éviter le Spoiler - trop rares sont les blockbusters de cette richesse pour faire la fine bouche. C'est hyper intelligent en dépassant la simple construction à "tiroirs" - je veux dire par là que derrière les péripéties scénaristiques, il y a un vrai fond - et sans arrêt, le métrage interroge notre morale individuelle et sociétale. Un brillant film d'anticipation, qui ne prend pas son public pour une bande de cons, un peu à la manière d'Inception, de Nolan.
Et en plus, en marge de la prestation impeccable de Gordon-Lewitt, le film signe la résurrection de Bruce Willis, quand même.

[Yoan]

[silverson]

[Yoan]

La critique qui revient souvent, c'est celle qui appuie sur les paradoxes temporels. Je trouve ça assez glaçant à vrai dire, parce que c'est passer à côté de ce que le film cherche à transmettre. Un ami a récemment manqué de s'évanouir lorsque je lui ai dit que j'avais kiffé le film, comme s'il n'était pas possible de prendre l'intrigue comme l'expression d'une parabole, d'un message. Ce n'est évidemment pas un documentaire scientifique hein. Les voyages dans le temps sont de toute façon en soi des générateurs de paradoxes. Il y en a le triple dans "Back to The Future".

Après, sur les soucis d'interprétation, j'avoue que je pige pas trop tes réserves. Sur ce plan là, Looper est objectivement plusieurs crans au-dessus d'un Batman The Dark Knight Rises ou Prometheus.

[silverson]

Je dois dire que je suis pas un grand fan de l'acteur principal déjà, les rôles secondaires ne m'ont pas marqué non plus, quand à Bruce Willis, que j'aime beaucoup pourtant, je l'ai déjà trouvé nettement moins convaincant qu'à l'accoutumé. Après bon, c'est ce que j'ai ressenti pendant tout le film, je suis jamais vraiment rentré dedans à ma grande déception parce que c'est typiquement le genre de film qui me plait en général.
J'ai eu une frustration sur l'atmosphère du film aussi, par suffisamment travaillée à mon gout.
Je n'ai pas vraiment réussi à saisir le message dont tu parles sur le coup non plus, même si en lisant des avis sur le net, j'ai davantage saisi la chose par la suite. Bref, ça reste en demi-teinte pour ma part.
Ceci dit, t'es loin d'être le seul à avoir aimé, et ça ne me choque pas outre mesure hein.

[Yoan]

En fait j'ai l'impression que le film a mieux été reçu par la presse que par les spectateurs, et ça me gêne lorsque ça vise un film à visée spectaculaire plus dense et complexe que la moyenne. Ce qui se joue là, un peu comme avec "Inception" ou "Matrix" en son temps, c'est le visage du film de SF de demain : est-ce qu'on s'autorise des narrations alambiquées et des niveaux de lecture un peu plus complexes, ou est-ce qu'on maintient le spectateur dans le confort habituel des Blockbusters ?
Alors ça n'empêchera pas les scientifiques en herbe de s'indigner devant les paradoxes temporels - dont on pourrait discuter, cela dit - mais je préfère 100 fois ce qu'a fait Rian Jonhson sur Lopper, à ce qu'a pu faire Abrams sur Super 8 par exemple.

[cici]

[Yoan]

Ahahah, j'avais deviné ton bémol en spoiler. Juré, craché.

J'ai une de ces envies de me la péter, là, du coup

Sinon, je trouve pas que "Looper" soit un film voulu juste léger "sans se prendre au sérieux". Pour moi, c'est un film ambitieux.