Welcome back to the 90's. L'illusion est telle qu'on a l'impression de récupérer Soundgarden exactement là où on l'avait laissé après "Down on The Upside". Pourtant, on fait difficilement plus méfiant que moi à l'égard de ce qui pourrait faire figure de reformation opportuniste. Mais ici, quid des errements solo de Cornell, une véritable alchimie de groupe a repris ses droits par cet album, qui n'arrive pas non-plus comme un cheveu sur la soupe. Les "vrais" savent que Soundgarden s'était repointé sur scène depuis plus de 2 ans. Et pas pour des prunes.
01 - Been Away Too LongAprès un éclaireur pour "The Avengers" que j'avais personnellement mieux accueilli que la moyenne des fans du groupe, le premier single de l'album joue une carte très punchy et/ou catchy pas forcément très à l'image du disque. Avec notamment un refrain largement porté par les envolées de Cornell dans des aigus presque stridents, on joue toutefois l'efficacité sans chercher à éviter ce qui fait de Soundgarden un groupe difficile à diffuser en radio. Un bon départ, énergique, à la fibre presque plus Rock'n'Roll que Metal.
02 - Non-State ActorLes choses très sérieuses commencent avec des riffs mortels en saccades, sortes de phrasés solo officiant comme piliers d'une architecture mélodique complexe mais engageante. On a envie de dire que plus personne ne fait de la musique comme ça, ou pas loin.
03 - By Crooked StepsGrosse guitare en mode rafale, breaks de haute volée et vocalises perchées. Décrit comme ça, ça semble correspondre à pas mal de titres qui peuplent le disque, mais ça n'évoque jamais la lassitude, la faute à une inspiration mélodique rarement prise à défaut.
04 - A Thousand Days BeforeAvec une subtilité et un style qui lui appartient, Soundgarden commence à lorgner avec réussite vers les ambiances orientales. Pas quelque chose de flambant neuf les concernant, mais un titre parfaitement construit et forcément réjouissant pour tout fan qui les attendait immanquablement sur ce terrain.
05 - Blood on the Valley FloorMalgré un riff principal lourdeau et étonnamment faible, le morceau évolue avec grâce vers des séquences beaucoup plus réussies et multiplie les (heureuses) pirouettes mélodiques. Pas mon titre préféré, cela dit.
06 - Bones of BirdsPremière Ballade Rock à demi-dépressive du disque, s'appuyant sur une collection d'accords mineurs, là encore soutenus par quelques notes Arabisantes. On aime ou pas, personnellement je marche 100 fois. Probablement un des morceaux les plus centrés sur l'émotion pure, pour un résultat quasi-parfait.
07 – TareeUn groove assuré sans forcer, des cassures mélodiques bien amenées et des lignes de gratte de grande classe. Du Soundgarden en pilote automatique, mais ça fait du bien.
08 – AttritionLe rythme s'accélère un poil avec un titre plus entraînant, moins noir, et doté d'une vibe clairement Rock'n'Roll. Un brin plus anonyme que le reste, malgré tout.
09 - Black SaturdayUne sorte de ballade Pop-Rock-Metal acoustico-électrique dont le groupe a le secret. Très recommandé, évidemment.
10 - Halfway ThereSans doute le titre le plus positif du disque, avec toutefois ce qu'il faut de nuances mélodiques subtiles et maîtrisées pour semer le trouble. Un beau single en puissance en tout cas, plus easy listening et moins heavy que le reste du disque, qui fait un peu penser à ce que Cornell a pu approcher de mieux lors de son aventure solo.
11 - Worse DreamsÇa démarre avec une ligne de basse monstrueuse, à la fois tortueuse et inquiétante, avant de faire hocher la tête sur le refrain, pour finalement mener le morceau sur des sentiers plus noisy. La qualité de l'écriture se charge de rendre le tout parfaitement homogène.
12 - Eyelid’s MouthUn autre excellent titre, porté par des contrastes nets, et des refrains hyper emballants. Mention spéciale pour le chant, particulièrement inspiré sur ce titre.
13 – RowingL'album s'achève sur son morceau le plus aventureux, avec un côté presque rituel et tribal : la basse se fait quasi-mystique, pendant que Cornell chante avec la prestance d'un gourou lors d'un rite initiatique. Les guitares se font une place grandissante dans cette pièce surprenante, mais preuve que le groupe n'est définitivement pas revenu les mains dans les poches et surtout pas privé d'idées.