Il y a de cela 6 mois, sur l'ancien forum :
Night a écrit:je tiens surtout à présenter un vrai coup de cœur qui se nomme Liar Game
Celui-là, il est vraiment temps que j'en parle, je crois.^^

Liar Game, c'est un manga de Shinobu Kaitani actuellement en parution et disponible en France.
- Offtopic :
- Pour anecdote, Maître Oda, auteur de One Piece, fut jadis l'assistant de Kaitani. C'est probablement en partie grâce à lui qu'il a acquis cette capacité à élaborer des scénarios intéressants, bien construits et bien rythmés.
Vive Kaitani!
Ce seinen nous offre un voyage dans le monde peu scrupuleux de l'arnaque et de l'escroquerie. En conséquence, le scénario comprend mensonges, manipulations, coups montés et affrontements stratégiques entre mentalistes.
Un programme qui n'est franchement pas pour vous déplaire, chers fans de Death Note, car vu la complexité de la planification des différentes escroqueries, vous ne pouvez guère qu'apprécier.
L'histoire, maintenant :
Nao Kanzaki, dit la Nao La Naïve, est LA cruche qui tombe dans tous les pièges qu'on lui tend. C'est bien sûr intentionnel et c'est d'ailleurs exagéré au possible pour bien qu'on le comprenne.

Pour ceux à qui ça ferait peur, Nao, forte de son expérience acquise tout au long du manga, évoluera jusqu'à rouler elle-même des concurrents. Ce qui fait d'elle un personnage qu'on finit par apprécier, avec le temps. Ce n'est pas une cruche finie du début jusqu'à la fin.
Il a malheureusement fallu qu'un groupe extrêmement louche lui tombe dessus : le secrétariat LGT, pour Liar Game Tournament.
On ne sait strictement rien de lui. Pas plus la façon dont il échappe à la justice que son origine, son but ou même la source de son budget démesuré. Le fait est qu'il entraîne ses "victimes" dans un tournoi peu recommandable où on peut toucher gros comme s'endetter à vie. Nao met peu de temps pour se faire avoir en beauté (ce qui n'a tellement rien d'étonnant que je ne considère même pas cette info comme un potentiel spoil) et se retrouve endettée de 100 000 000 de yens. Rien que ça!
Dès lors, elle est tellement désespérée qu'elle décide de faire appel à un escroc réputé qui a fini en tôle pour avoir, à lui tout seul, provoqué la faillite d'une grande entreprise pratiquant la vente pyramidale.
Plutôt difficile à convaincre, Shinichi Akiyama rentrera finalement dans le jeu dans le but de rencontrer, comme il le dit lui-même, "ceux qui menacent les faibles, organisent ces jeux d'arnaque, endettent à mort les perdants et s'en amusent".
Voilà, le cadre est posé.
Et il est évidemment prétexte à dénoncer toutes les bassesses dont l'être humain est capable pour s'enrichir au détriment
de Nao d'autrui.
Mais bon, pour être honnête, je ne suis pas fan de Liar Game pour sa satire de l'être humain. L'attrait principal, c'est de loin le déroulement des arnaques, surprenant mais toujours logique.
Au niveau des dessins, faut pas s'attendre à du Takeshi Obata. Sans être moche pour autant, Liar Game n'est pas une prouesse graphique. En fait, seul le faciès des personnages, indispensable à ce genre de manga où tout passe par l'expression du visage, est parfaitement maîtrisé. Et ça suffit largement, on ne demande pas à Kaitani de dessiner des scènes d'action.
Le scénario, quant à lui, est assez complexe et poussé. Selon moi, il est même supérieur à celui de Death Note en ce qui concerne la logique des raisonnements et l'ingéniosité des stratagèmes utilisés. Mais avec cette abondance de schémas pour nous résumer et nous expliquer chaque situation, on n'a pas forcément l'impression que c'est très compliqué. Et c'est ça qui est classe!
Jamais ce manga ne nous embrouille en nous noyant sous des lignes de texte, en utilisant une foule de termes spécifiques à l'œuvre ou en faisant référence à un évènement d'il y a 10 tomes.
On lit Liar Game pour être en admiration devant la ruse des personnages et pour se dire "Je suis con, j'aurais dû y penser!", certainement pas pour pour se prendre la tête.
Le premier tome est là pour planter le décor et les personnages, considérez le donc comme une simple introduction à l'univers. Après tout, il nous conte la manche la moins passionnante du tournoi et il est presque facile de deviner son dénouement.
Le deuxième tome met tout de suite en place un jeu beaucoup plus intéressant : une succession de votes oui/non lors desquels il faut absolument faire partie de la minorité pour espérer remporter la victoire. Là, ça devient vraiment intelligent et Akiyama nous apparait plus impressionnant que jamais.
Mais l'intérêt est sérieusement relancé au tome 4 avec l'apparition d'un opposant de taille : Norihiko Yokoya.
Une fois ce méchant de service dans la partie, nous sommes au summum de ce que peut nous proposer Liar Game en termes de stratégies et d'arnaques. Impossible de ne pas y succomber.

Akiyama à gauche, Yokoya à droite.
Je termine en signalant que le premier chapitre est dispo en ligne sur le site officiel de l'éditeur :
Liar Game - Chapitre 1(rappelons qu'un manga, ça se lit de droite à gauche^^)
Tant que j'y suis, j'vais en profiter pour parler du nouveau manga de Tsugumi Ohba et Takeshi Obata, auteurs de Death Note. Ça s'appelle Bakuman, c'est comique, romantique, et ça traite très sérieusement du métier de mangaka.

Niveau scénario, on comprend rapidement qui a inspiré les personnages principaux puisqu’il s’agit de deux jeunes lycéens souhaitant collaborer pour écrire des mangas. L’un travaille sur le scénario et l’autre se contente de dessiner…
Bien sûr, le tout étant traité de façon réaliste, ces deux talentueux débutants vont très vite déchanter et comprendre que pour percer dans le métier, il faut non seulement se donner les moyens mais aussi avoir beaucoup de chance.
On a donc là une véritable mine d'informations sur ce que vit quotidiennement un mangaka mais aussi sur le fonctionnement du shonen jump, le fameux hebdomadaire japonais.
Malheureusement, Bakuman est raté sur tous les autres plans : les gags tombent à plat une fois sur deux et l'aspect romantique est horriblement niais. Le scénario est tout de même intéressant pendant les premiers tomes et on se plaît à voir progresser ces deux jeunes personnages. Mais après, ça tourne vite en rond, et seuls quelques habiles cliffhangers sauront éveiller notre intérêt pour un prochain chapitre qui, en fait, n'apportera rien de neuf.
De la part d'Ohba, y a de quoi être déçu.
Sinon, le coup de crayon d'Obata a été épuré pour coller à l'aspect comique. Du coup, ses dessins sont moins chargés, moins détaillés, mois travaillés...bref, moins réalistes qu'auparavant.
Même si le résultat est loin d'être mauvais, je persiste à dire que ce n'est pas un style qui convient à ce mec.
Bref, on est loin de l'excellent Death Note, et c'est bien dommage.
Bakuman vaut surtout pour les informations qu'il apporte sur le métier de mangaka et même sur le manga en général. Et dans un sens, c'est pour ça que je le conseille. Le problème, c'est que ça ne va pas vraiment plus loin.
"There is, through the art of game design, some kind of observation about that universe that is not accessible in the same way from other media. If I can get that, then I don't even care about the game mechanic. If I can do that in a first-person shooter that looks exactly like Doom 3 then I would do it."