127 heuresIl y a des films comme ca. On connait la fin, on connait les faits, raisons qui ont conduit a cette issue – souvent tragiques – mais très peu le déroulement, les détails, les petites histoires qui font la grande. On sait que tel ou tel personnage historique va (cocher la mention inutile) mourir, tomber dans un guet-apens, voir l’amour de sa vie lui filer entre les doigts… Alors pourquoi aller voir un film dont on connait l’issue ? Parce que quand c’est bien fait, on se retrouve tout de même à espérer que l’issue soit différente, que l’on vive au final dans un monde alternatif dans lequel le meilleur adviendra a la fin.
127 heures fait partie de ces grands films qui nous poussent à crier devant sa télé pour avertir le protagoniste alors que l’issue est déjà connue de tous. Ici, pas d’iceberg à éviter, pas d’épée à esquiver, de balle à stopper. Ici, l’ennemi, sous la forme d’un rocher de plusieurs centaines de kilos, est dame nature elle-même.
Aron Ralston est un fou-fou qui passe ses weekends à s’envoyer en l’air… sur son VTT dans les canyons profonds et complètement isolés de l’Utah. Un jour, alors qu’il tente de s’enfoncer dans une gorge reculée profonde de plusieurs mètres, son poids fait basculer un rocher sur lequel il prenait appuie. Le rocher le suit dans sa chute et tombe directement sur sa main, la broyant et le bloquant complètement au fond du canyon. Rationnant ses vivres et tentant de se dégager par tous les moyens, Aron restera donc 5 jours avant de se décider a s’amputer de la main pour survivre…
Bon, avouons-le, beaucoup de monde ira voir ce film sur la seule promesse d’une scène d'auto-amputation ultra-réaliste et difficilement soutenable, même pour quelqu’un habitué aux horreurs typiques des Saw et compagnie.
Ce qui rend cette scène – longue d’environ 5 minutes !!! – si dure a regarder, c’est que durant les 70 minutes qui la précèdent, Danny Boyle et surtout, surtout James Franco ont tout fait pour nous faire adorer ce personnage, pour nous mettre dans ses pompes – de randonnée bien sur – et pour pousser l’identification au maximum.
Franco, qui réussie de manière régulière a éclipser la plupart des têtes d’affiches des films dans lesquels il joue (Spiderman, Pineapple Express, Milk), tient ENFIN le rôle qui risque de le propulser très haut.
A la manière d’un Buried (et de la performance hallucinée de Ryan Reynolds), il porte le film a bout de bras (facile…) et nous prend a la gorge des sa chute dans le canyon pour ne jamais plus nous lâcher.
Danny Boyle signe aussi par la même occasion sa réalisation la plus allumée en termes de technique pure (spit-screens justifiés, flashbacks et délires d’une puissance graphique impressionnantes), et prouve, fort d’une carrière toujours plus variée et jamais redondante, que le bonhomme peut toucher a TOUT.
Bref, si vous ne craignez pas une violence assez graphique pendant 5 minutes, foncez.