J'en profite pour donner des nouvelles après un mois de mon nouveau travail en tant qu'éduc de rue !
Je ne comprends encore pas tout mais ce qui ressort pour le moment c'est que je respiiiire.
Bon déjà, de fait, je travaille dans la rue. C'est normalement le gros du travail: c'est là qu'on va essayer de rencontrer des jeunes, des mamans, etc. On fait des tours dans le tiéquar, on se fait repérer, connaître des commerçants, etc. On fait ce qu'on appelle de la "présence sociale" dans la maison de quartier aussi.
On travaille beaucoup en partenariat avec les animateurs, mais aussi avec le ccas, la mairie (ça, ça va me changer), les responsables de la politique de la ville, le conseil général, collège, mission locale, etc...Pour le collège par exemple, on fait un truc une fois par semaien: on se poste à la sortie avec du chocolat chaud pour attirer le collégien
. Ca marche bien et c'est sympa, ça permet de se faire voir et de créer du lien...Parce que le but de tout ça c'est bien de créer du lien, le retisser...en ciblant notamment les plus en difficulté, ceux qui risquent l'exclusion, ceux qui sont descolarisés, dans la délinquance, etc.
Le but est de créer une relation de confiance et chercher des solutions en orientant vers les partenaires adéquats. Du travail de rue doivent donc émerger des accompagnements individuels...On peut aussi proposer ce qu'on appelle des chantiers éducatifs pour lesquels les jeunes perçoivent une bourse qui doit leur permettre de réaliser un projet (ça peut être tout bête mais essentiel du genre acheter des vêtements...). Les chantiers, ça peut par exemple être de la restauration, de la peinture, du jardinage, ou nettoyer les berges d'une rivière...et ça on le fait avec eux...Toujours avec derrière la tête l'idée d'ensuite pouvoir aller "plus loin" dans la relation...
j'ai de la chance parce que la ville dans laquelle je travaille est dynamique au niveau culturel, jeunesse, etc. La mairie n'est pas dans le tout sécuritaire et est axée prévention, elle respecte les principes de la prévention spécialisée et surtout l'anonymat, ce qui fait que contrairement à d'autres villes les éducs ne sont pas sommés de balancer les jeunes à la police comme ça peut arriver dans certains endroits...
Donc pour le moment je prends mes marques, parce que forcément ça prend des mois, le temps de se faire connaître des jeunes et des familles. Bon, y'en a certains qui nous aiment pas du tout hein, j'ai déjà vu quelques marques d'hostilité ("balance !") ou un jeune tourner un peu autour de nous avec un scooter et en nous regardant méchamment. Je travaille en binôme et ma collègue est déjà plutôt connue sur le quartier. Je trouve ça drôle ce contraste...entre nous et les jeunes...l'autre fois y'avait une bagnole défoncée avec 4 grands mecs à l'intérieur en train d'écouter du rap à fond..et ils ont interpelé ma collègue, genre "wesh, tu vas bien, ça fait longtemps"...un truc très sympa. Je trouve ça chouette moi.
Puis bon, y'a un foisonnement niveau musique dans ce quartier...c'est assez impressionnant de voir l'énergie mise dans la musique par certains jeunes qu'on a pourtant vite fait de considérer comme des fainéants...
au niveau de l'équipe, rien à voir avec là où j'étais avant :réflexion, éthique, respect, engagement. Vraiment des gens intéressants et sympas, ce qui ne gâche rien.
Bref, à voir...il y a de grandes chances que ça se transforme en CDI cette histoire...
"Former les hommes, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu." Aristophane.