Biffy Clyro - OppositesPlus lumineuse que jamais, la musique de Biffy n'en a pas renié pour autant son énergie. Armé d'une section rythmique de premier choix, le groupe ne consent cependant à tordre les mélodies qu'il tricote, qu'à condition que les chansons y gagnent dans ce qu'elles ont de plus cher : leur âme. C'est ce qui fait que de prime abord, au bout de 4 ou 5 morceaux, on ne s'est pas détaché une seule seconde de ce que nous offre cet « Opposites » parti sur les chapeaux de roue. Malheureusement, l'album tient difficilement la distance, la faute à un défaut étonnamment récurrent : ses gros sabots. Car autant le titre éponyme « Opposites » frappe droit au cœur, autant on est pris d'un léger malaise lorsque « Biblical » s'égare dans le racolage à l'émotion. Ça part pourtant très bien, puis le groupe sur-appuie ses effets en manquant de subtilité, jusqu'à des « Ohohoho » à chanter le poing serré en courant au ralenti sur la plage. La fin de « The Thaw », pour ne citer qu'un exemple, s'avère du même tonneau. Ce qui pouvait ressembler à un dérapage mineur aura donc malheureusement tendance à se confirmer : refrains aux voix systématiquement doublées, chemins mélodiques balisés par de gros panneaux lumineux, et quelques doublons. La recette ne tolère pas les facilités, qui figurent au titre d'une petite poignée sur le premier disque, avant d'abonder dans le second. Pour évacuer le seul vrai foirage du disque, « Skylight » rappelle méchamment la reprise de « Behind Blue Eyes » de Limp Bizkit. Et là, ça fait chier, si vous me permettez.
D'autant que les ambiances, malgré deux ou trois pirouettes formelles jouissives dont on les sait coutumiers, naviguent toujours dans le même moule sentimental(iste).
Album paradoxal que cet « Opposites » donc, qui contient une foule incroyable de tubes potentiels, mais n'a finalement que peu de choses à dire. On pourra citer les décharges électriques qui ramènent plus volontiers à leur veine un peu plus sautillante, le tout manque quand même un poil d'idées, à défaut de manquer de tubes.
Cela dit, pris isolément, pas mal de titres sont irrésistibles, et il serait injuste de ne sortir du lot que les moins flatteurs. Chacun vantera ceux qu'il préfère, mais ce que personnellement je regrette, c'est que l'ensemble n'ait pas fait vraiment sens pour moi. Pire, l'exercice du double-album m'aura révélé des tics d'écriture lassants sur la longueur. Comme quoi, on peut avoir 20 bons morceaux, et être plus inspiré de trancher pour n'en garder que la moitié, malgré tout.