Je profite de souvenirs encore frais pour revenir sur la cuvée 2012 du Rock en Seine, la dixième du nom, pas forcément couronnée pour l'occasion d'une prog' exceptionnelle. Cela dit, on restait dans l'excellente moyenne du festoche depuis 10 ans, devenu la référence nationale en la matière.I feeel like John McEnroooooe !Day One : Début des hostilités avec
Billy Talent, dont je n'avais pas entendu grand chose jusqu'alors. J'ai aimé l'énergie, l'efficacité de quelques morceaux exécutés pied au plancher, devant un public encore un peu mou. Un groupe attachant en tout cas, qui fera notamment la promo' de beaucoup de formations s'apprêtant à leur succéder durant ce Week-End, dans des élans de gentillesse spontanés.
Pendant que le ciel se gâte et nous gratifie d'une averse bretonne, je trouve Greeny dans les parages et lui fais part de ma joie d'être là aux Vieilles Charrues...
Fin du mauvais temps avec l'arrivée sur scène de
Dionysos, protégés que nous sommes selon Mathias Malzieu par les choristes du groupe. Belle expérience même si le n'imp' intégral pend vite le pas sur la musique : slams intempestifs, escalades d'échafaudages, et invitation du public sur scène. C'est pour le moins animé, plutôt enthousiasmant, même si les disques conceptuels du groupe se perdent un peu dans l'obsession du spectacle. On perd aussi Greeny dans la foulée, ce que Auré dira être la simple conséquence du fait qu'il EST Mathias Malzieu (ressemblance physique valide, à mon avis).
Direction scène de la Cascade pour
Sigur Ros, dont je n'ai plus vraiment suivi la carrière depuis quelques années. Climax émotionnel pour ce qui me concerne, le groupe ayant fait la preuve de sa capacité à surmonter les obstacles du festival pour imposer ses pièces lentes et progressives, alternant silences et explosions soniques. Un grand moment, et en tout cas une belle première pour moi.
A peine le temps d'applaudir leur splendide prestation, on accourt vers la grande scène pour
Placebo. Et bah figurez-vous que c'était chiant, le groupe saccageant la plupart de ses meilleurs titres ("Every Me, Every You" est notamment devenue insupportable), et nous gratifiant de quelques-uns de ses moins bons. Ah, et Brian Molko éructe un chant de plus en plus nasillard qui n'aide pas à passer l'éponge. Cela dit, ils ont encore quelques tubes qui réveillent, et je dois dire que je me suis fait piéger par "The Bitter End". J'ai déjà oublié à peu près tout le reste.
Day Two : C'est bon, j'vais la jouer, "Don't Look Back", foutez-moi la paix, là.Jour "faible" du festival puisque c'est bien connu, l'important est de concentrer les têtes d'affiches sur le premier et le troisième jour, histoire de pousser un maximum de gens à raquer pour le pass 3 jours. Pas démotivés pour autant, on attaque la journée avec
Maximo Park sur la grande scène. Leur répertoire me laisse totalement froid mais la prestation est sympathique, et le chanteur a une voix intéressante quand il lui prend de la pousser un peu. Pas inoubliable, quand même.
Arrive ensuite
Noel Gallagher, auteur d'un concert sympathique bien qu'un peu sage, jusqu'à ce qu'il finisse (comme attendu) avec deux titres d'Oasis, "Wathever" et "Dont Look Back In Anger" (probablement le sommet de sa carrière de songwriter), lesquels resteront deux moments magiques de cette édition. Pas totalement convaincant pour autant.
Quant à la tête d'affiche du jour, les
Black Keys, c'était un poil court (une heure et quart, grand max') mais les mecs ont envoyé du lourd. Je connaissais mal, mais sur scène, ces mecs transpirent le Rock'n'Roll. Dommage quand même que le public n'ait vraiment pété les plombs que sur "Lonely Boy", alors qu'ils ont une cargaison de morceaux qui valent sans problème celui-là.
La journée n'est toutefois pas finie :
Mark Lanegan a finement déjoué le piège du concert impersonnel typique des festoches en se retirant sur la plus petite scène en toute fin de prog', avec en sus un son bien supérieur à la moyenne. Moment introspectif agréable, avec un Lanegan qui est resté immobile pendant une heure, lâchant tout peine deux "Thank You" avant de clore la journée. Un gars à part
Day Three : Salut, on est Grandaddy. J'espère que t'as pas oublié tes boules Quies. Même pas fatigués, on file en début d'après-midi sur le Grande scène pour
Stuck In The Sound. Malgré quelques problèmes de son, un accordage par moments approximatif, et des réflexions pas toujours de la plus grande classe de la part du chanteur, j'ai été agréablement surpris par quelques titres, et un chant proche de celui des Mars Volta. Dommage cela dit de (sur)jouer les gros bras alors qu'un de leurs meilleurs morceaux ("Tender") est une balade.
Moment important pour moi, la suite c'est
Grandaddy (
). Mais ce ne sera qu'un énième concert de plus gâché dans le contexte d'un festoche parce que le son était indigne. La basse sonnait comme si t'avais Korn sur scène, massacrant une belle pognée de titres pourtant tous plus magnifiques les uns que les autres. Ça n'a pas tout à fait entamé mon émotion de voir un de mes groupes fétiches sur scène, mais pendant tout leur set, j'ai essayé d'imaginer à quel point ça pouvait être magique dans une petite salle. A titre de comparaison, j'ai trouvé que Sigur Ros avait beaucoup moins souffert de la config' festival, sur la même scène la veille. Tant pis.
On en termine avec
Green Day, et là on pourra me dire ce qu'on veut, ils ont fait honneur à leur statut et fait le spectacle comme personne avant eux durant ces 3 jours. Et puis ça m'a fait plaisir d'avoir à nouveau 15 ans pendant deux heures, le Rock étant aussi (et surtout ?) une musique pour les kids. Un setlist imparable, une prestation calibrée (juste un peu trop émaillée de "Heyyy hooo" à répéter en chœur comme des cacatoès, et des "Get those hands up in the aiiiir !" incessants), quelques délires impromptus (des "covers" rigolardes de quelques standards du Rock et des mises en scène bon enfant) pour 2 heures de show survitaminé. Ce ne sont probablement pas eux qui avaient dans leur répertoire les meilleures chansons, mais ils ont allumé la grande scène et c'est tout ce qu'on leur demandait.
I said Heeeeeyyyy Hooooo !