Bon...
- the-king-of-limbs-radiohead.jpg (68.71 Kio) Vu 9795 fois
On passera sur l’annonce précipitée de la sortie impromptue de ce nouvel album de
Radiohead et tout le battage dont les médias se sont fait une spécialité et qui aura vu ce simple nom répété comme un mantra.
On passera sur le packaging dont nous n’avons pas encore vu la couleur, et je me contenterai de dire que je trouve la pochette et le titre magnifiques, très “Lovecraftien” dans l’esprit et la forme, ce qui n’est vraiment pas pour me déplaire.
On passera sur la promo des petits trolls du net qui ont détourné la première vidéo issue de cet album. Ce qui n’a eu qu’un seul résultat: faire parler encore plus de Radiohead.
Il reste 8 titres.
Seulement la musique.
On attends en général Radiohead comme le Messie ou comme l’Antéchrist selon sa confession.
Il y a boire et à manger dans leur discographie.
Du caviar et du champagne pour les uns.
Du Whiskas et de la Villageoise pour les autres.
Je fais partie des uns.
Mais pourtant je n’ai pas aimé ce disque à la première écoute.
Il m’en aura fallu au moins trois pour m’immiscer dans cet “album”.
Déjà un fait, cet “album” donc, me donne plus l’impression d’être un état des lieux d’un groupe au travail qui met à la disposition ce qu’il compose au fur et à mesure, plus qu’un produit achevé, abouti, comme ce même groupe nous en a produit jusqu’à “il y a peu”.
Depuis
In Rainbows - sorti à moitié pour ceux qui n’ont pas déboursé les 65€ du coffret et qui n’ont donc pu juger l’album dans sa totalité - Radiohead est en roue libre. Fait ce qui lui semble. Ce qui lui plait.
The King Of Limbs me fait l’impression d’être à ce même
In Rainbows ce qu’était
Kid A en son temps à
Amnesiac. L’autre face d’une même pièce, le point de vue plus electro d’un moment précis dans la vie du groupe et de son évolution musicale.
Préférant ce versant de la montagne Radiohead, je préfère donc ce nouvel album à
In Rainbows. C’est purement subjectif, mais c’est une question de sensibilité.
Mais je m’égare…
Ici, on entend ce que l’on a l’habitude t’entendre:
La voix plaintive de Thom Yorke, les guitares épurées de Johnny Greenwood, la batterie ultra-compressée de Phil Selway, les infra-basses de l’autre Greenwood, les influences free-jazz, electronica… etc… Radiohead, quoi.
Passée l’écoute première et la déception de ne pas avoir été surpris, on se rend compte que
The King Of Limbs est bien plus subtil que ça.
Comme si on avait repeint le paquebot Radiohead avec un pinceau à maquette. Les soucis dans le détail.
Ici, tout est finesse d'une production ultra fouillée, de sons et d’ambiances dissimulées, de chansons à tiroirs aux compartiments secrets.
En nous donnant ce que l’on attends d'eux, nous aurons tout de même eu de belles surprises dans ce nouvel effort qui cache bien plus que son apparence première. Effet secondaire symptomatique de la schizophrénie d’un groupe légendaire qui cherche à se réinventer sans se perdre de vue.
Pour qu’au final on se retrouve avec un grand album, Radiohead nous aura - malgré tout - fait une belle frayeur.