Comme certains adorent me provoquer sur le sujet, je relève le défi sans trembler, sûr de mon fait.
Encore que je comprenne qu'on n'adhère pas aux partis pris forts de l'album, mais avec des années des recul et (probablement) des centaines d'écoutes, je ne pense pas délirer si je dis que :
1° L'album, au contraire de 95% de ce qui sort, peut se targuer d'une logique artistique signifiante, des graphismes "Mondrianesques" de sa pochette, à ses choix esthétiques épurés, directement en rapport avec l'aspect froid et moderniste du disque.
2° En termes d'écriture, l'album regorge de subtilités et Johns s'interdit toute facilité. Même "Straight Lines" sous ses atours tubesques, recèle des couleurs mélodiques bien plus complexes qu'il n'y parait, en mêlant avec brio accords mineurs et majeurs. Et signe d'un songwriting béton, un titre aussi immédiat que "Reflections of a Sound" cache même des accords dissonants qui à la base, n'ont rien de "Pop".
3° Le disque contient des morceaux dansants, orchestraux, mélancoliques, énergiques et psyché. "Those Thieving Birds" est presque tout ça à la fois. En 11 titres, on voyage plus qu'en s'enfilant la disco' complète d'artistes qui n'ont jamais su faire que la même chose toute une carrière durant. Mais le vrai tour de force, c'est que l'album n'est pas hétérogène pour autant, bien au contraire : il défile logiquement, probablement parce qu'il a été pensé comme un tout.
Pour autant, je regrette personnellement certains choix de prod' ("Mind Reader" ou "The Man That Knew Too Much" ont notamment un rendu mollasson bien inférieur à leur potentiel) et Johns y chante à mon goût en s'autorisant trop d'accents glam' pas très propres. Ça fait de "Young Modern" un disque passionnant mais certainement non optimisé.
Alors je veux bien qu'on me parle de tout, mais va falloir assurer pour me convaincre que le plus important - la qualité d'écriture et d'arrangements - est en dessous de l'excellence.
Même "Insomnia", le seul morceau qui me gonfle sur le disque, il s'avère qu'elle déchire en live. Alors j'ai du mal à m'en prendre à un seul morceau. Ce que j'aime le moins dans cette histoire, c'est le boulot de David Bottrill.
Maintenant, si vous voulez rentrer dans les détails, c'est à vos risques et périls.