par Silver*Dream » Jeu 27 Oct 2011 17:36
Merci pour ton post, Binouz ! Ça fait plaisir de lire ce genre de discours parfaitement argumenté et synthétisé. Je jetterai un œil à tes références, je connaissais Pierre Rabhi mais pas toute sa bibliographie non plus...
Dans tout cela, je trouve que tu soulèves en tout cas LE point essentiel: la croisée des luttes. Car c'est pas le tout de manger des légumes, il faut aussi prendre conscience de comment ils sont cultivés. En l'occurrence, beaucoup de végétariens qui se sont lancés là-dedans à cause du traitement infligé aux animaux n'arrivent pas à entrevoir que le traitement fait à la planète est peut-être pire. Manger des légumes bio fait partie d'une démarche écologique, et puis c'est aussi prendre soin de son corps. À partir du moment où on a compris ça, il me semble aussi que la suite logique est le développement local et durable.
J'ai aussi eu la chance de faire partie d'une AMAP lorsque je vivais à Paris. Je dis bien la chance, parce que vu le nombre de places disponibles, c'est très difficile. La mienne était la première (seule ?) AMAP LGBT de Paris, lancée par une association queer-trans-pédé-gouine au Centre Gay et Lesbien de Paris, c'est pour ça que j'ai eu une place facilement: des amis m'ont rapidement tenu au courant! Même comme ça, y'avait peut-être 40/50 places, la liste d'attente était longue. ET C'ÉTAIT TROP COOL ! Tous les samedis il fallait aller chercher son sac de légumes bio, mais tu aidais aussi à la distribution, tu pouvais prendre part à la récolte et donc séjourner à la ferme... Je trouve qu'on est autant déconnecté de la façon dont on produit la viande que de celle dont on fait pousser les légumes. Et participer à tout cela, c'est super con à dire mais ça te rend plus respectueux de ce que tu manges car des agriculteurs y ont passé du temps, y ont mis des valeurs... C'est très important. Depuis Montréal, je ne suis plus dans une AMAP car c'est encore plus dur qu'à Paris, mais j'achète bio autant que je peux et je cultive aussi un jardin communautaire. Mais bon, pendant l'hiver, les légumes dégueulasses des États-Unis et du Mexique vont revenir, youhou...
Et c'est plus ou moins lié, mais il y a quelque chose qui me frustre chez beaucoup de végétariens. Changer de régime alimentaire est un tremplin merveilleux, pour moi devenir végétarien a été un éveil à d'autres formes de cuisine, de saveurs, de connaissance aussi... Car mine de rien, c'est pas facile du tout d'être végétarien ET en santé. C'est aussi politique, tiens ! Mais pour beaucoup de végétariens, ça n'a pas demandé particulièrement d'efforts alors que c'est tout sauf une fin en soi. On parlait des légumes bio et d'agriculture local, mais il y a aussi la junk-food, etc. Au bout d'un moment, il me semble que ça relève aussi de la responsabilité de chacun de bien se nourrir. L'État ne fera pas l'effort pour nous.
Autre parenthèse également sur le régime végétarien/végétalien. Plus je lis dessus, plus je me dis qu'il n'est pas adapté à tout le monde et qu'il faut faire très attention, je vais développer deux points ici: écouter son corps, et le mythe des protéines.
Écouter son corps, d'une part. Je ne sais pas si vous êtes familiers avec la théorie des groupes sanguins, mais en gros c'est un régime alimentaire qui préconise de manger ce que votre corps peut assimiler le plus facilement. En allant très vite, un chercheur américain a fait tester le régime végétarien sur plusieurs de ses patients et s'est étonné de résultats parfois très différents. Son verdict fût le suivant: l'aliment de l'un est un poison pour l'autre. En gros nos groupes sanguins ne nous permettent pas de manger de tout et n'importe quoi. Ils sont apparus à une certaine époque du développement humain et correspondent à une certaine façon de manger (de l'époque). Par exemple, moi, je suis du groupe O. C'est le plus ancien groupe sanguin et le plus primitif aussi donc, qui date des cavernes et des chasseurs-cueilleurs... J'ai été surpris, en lisant ce qui était recommandé, de découvrir que je modérais moi-même pas mal de produits que mon corps me disait n'être pas bons pour moi: produits laitiers, céréales, produits raffinés en général, maïs... Et vous savez quoi ? Selon mon groupe sanguin, je devrais consommer de la viande. Enfin, ce n'est pas que je devrais, je peux m'en passer, mais j'ai une capacité d'assimilation supérieure à la moyenne et cela m'apporte davantage de nutriments que beaucoup de légumes. Ce que je veux dire par là, et ça me fait beaucoup penser aux posts de Binouz sur l'auto-contraception, c'est que l'on n'écoute PAS ASSEZ son corps. Pourtant c'est une mine de savoir ! Il est capable de nous dire si ce que l'on mange est bon pour nous, il faut simplement être attentif aux sensations de ballonnement, de lourdeur, à la digestion (rapide, lente), à l'acidité... Et même si c'est moins glamour, à ce que vous laissez aux toilettes (allez, tout le monde regarde, faîtes pas vos innocents!). C'est très facile en fait, mais on a tellement perdu cette connaissance, on fait tellement confiance à la publicité et aux soit-disant spécialistes pour nous dire quoi manger qu'on a oublié que ces experts existent depuis à peine 60 ans pour le grand public occidental et qu'auparavant on s'est très bien passée d'eux. On s'en est même certainement mieux porté. Du coup, même si je me refuse toujours à manger de la viande, j'entrevois la possibilité d'en remanger un jour si je vois que mon régime alimentaire ne me convient pas, bien sûr de manière ponctuelle et pas sous n'importe quelle condition. J'ai rencontré une fille ici qui mange de la viande rarement, et uniquement de la viande chassée (par son père). Je trouve ça respectable.
Maintenant les protéines. Beaucoup de végétariens répondent aux carnivores en leur disant que blah bla bla, y'a autant de protéines dans les légumes que dans la viande, donc mon régime est tout à fait tenable. C'EST FAUX. La viande contient toutes les protéines COMPLÈTES dont l'humain a besoin, et les légumes ? Bah c'est simple, y'en a qu'un qui contient des protéines complètes: le soja, dont les protéines possèdent les 8 acides aminés essentiels. Et le problème avec le soja, c'est qu'on ne peut pas en consommer trop non plus! Du coup il faut ruser, car certains légumes possèdent des protéines que d'autres n'ont pas. La clef c'est l'association sur moins de 24h de légumes complémentaires, et je suis près à parier que beaucoup de végétariens ne connaissent même pas cela, ne se sont pas renseignés, et auront énormément de problèmes de santé d'ici quelques années! C'est très dangereux pour les os et les tissus musculaires, la régénération cellulaire, l'immunité... J'en passe. En gros, il faut associer des céréales et des légumineuses (haricots, lentilles, soja) et/ou des noix (diverses et variées). J'ajouterais qu'il faut aussi faire attention au fer, et là mon palliatif par excellence ce sont les graines germées, certainement la catégorie d'aliments la plus sous-estimée au monde... Ça coûte rien, c'est facile à faire, ça prend pas de place, ça possède mille saveurs et ce sont les aliments les plus riches en vitamines et protéines (pas tout à fait complètes!) qu'on peut trouver. Et en plus, ce sont des aliments VIVANTS. On dira jamais assez que la cuisson fait perdre beaucoup de ses intérêts aux légumes, et qu'à défaut de manger cru, le meilleur mode de cuisson reste la vapeur.
Je vais m'arrêter là, car je suis chiant. Mais ça fait un moment que j'avais envie d'en parler, et ce topic s'y prête bien. Maintenant, je ne veux pas dire qu'il faut faire attention à tout. Si on se prive trop, je pense qu'on tombe dans un état de semi-dépression qui n'aidera certainement pas à se sentir en santé. Mais il y a quelques principes généraux qui devraient être enseignés partout dans les écoles, le premier étant d'écouter ce que son corps a à dire, tiens.
I'm the first male lesbian, I feel less being jaded... The gayest straight boy that you'll ever meet~