par caro » Mer 11 Mai 2011 13:23
J'en sais rien, je sais pas ce que ça veut dire être "équilibré" exactement, ni si ça existe réellement quelqu'un de tout à fait équilibré, mais la question peut se poser quand même...
Sans aller jusqu'à des hypothèses douteuses sur le vécu de ces dames en termes d'abus ou autres, je me pose la question de l'image de leur corps qu'elles peuvent avoir...je les ai souvent entendues (les hommes aussi d'ailleurs) dire que tourner un film n'était pas un plaisir physique mais un réel travail, harassant, voire douloureux. Et plus a va, plus la "norme" en matière porno se décale vers des pratiques qui frôlent la violence ou qui sont carrément dedans (tenir la femme au cou, serrer, pincer le nez, donner des claques un peu partout). Donc moi ce qui me questionne c'est ça, comment elles on intégré leur image du corps, qu'est-ce qui a fait qu'elles le considèrent comme outil de travail (je ne refais pas l'étymologie de trépalium mais bon), comme marchandise, comme objet, etc. Je ne peux pas m'empêcher de dire qu'il y a eu un couac à un moment donné de leur vie quand même. L'image du corps va quand même de pair avec l'estime de soi, et je me demande comment elles se considèrent. Ce qu'on ne saura jamais je pense: c'est comme quand on parle de prostitution et de ces femmes qui disent "choisir" ce "métier" et aimer le faire...ici la notion de choix est pour moi vidée de son sens, d'abord parce que je pense que les choix que l'on peut faire sont en quelque sorte tous déterminés par le contexte actuel économique et social, l'histoire de vie, la trajectoire, le psychisme, etc.
Un jour, j'ai vu une interview d'une actrice qui avait été violée plus jeune...et qu'après lui est venue cette envie (ça se discute) de faire du porno...comme un moyen de reprendre ou prendre le contrôle de son corps, de le mettre à l'épreuve, en quelque sorte de revivre une expérience mais autrement, en la "réparant", en la contrôlant, en la "choisissant". (c'est moi qui délire, elle n'était pas allée jusque là, mais moi ça m'a fait penser à ça).
Je pense qu'il y a un côté destruction/mise à l'épreuve/tentative de réparation dans tout ce qui touche au commerce de son propre corps...et quand on en arrive là, quelle intimité on peut garder ? quelle frontière entre monde extérieur et monde intérieur ? Qu'est ce qu'on devient en tant que sujet quand à longueur de temps "on" (soi-même et les autres) fait de soi un objet ? quand la plupart des regards ne voient même plus l'être humain mais la machine à fantasmes ?
"Former les hommes, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu." Aristophane.