DRIVEQuelques jours après Blue Valentine, me voici donc assis dans cette salle de cinéma, attendant fiévreusement le début de Drive, seul film que j’attendais vraiment cette année.
Et ce pour de nombreuses raisons – l’un de mes acteurs favoris (Ryan Gosling, magistral, mais j’y reviendrais), un sujet qui me parle et un réalisateur très spécial en la personne de Nicolas Winding Refn, le seul mec capable de filmer un film de viking de 2 heures quasiment mué. Pari gonflé, mais pour le coup seul Gerry de Gus Van Sant m’avait en son temps endormi a ce point. Mais bon, on sentait vraiment un potentiel énorme et le nombre de plans a couper le souffle dépassait la bonne centaine.
Bref, Drive, ca parle de quoi ? D’un garagiste peu bavard qui se fait quelques ronds en plus en assistant des braqueurs dans leur fuite. Oui, parce que le monsieur est assez doué derrière le volant. Sa routine tourne bien jusqu'à sa rencontre avec sa voisine et son fils, avec lesquels il va se lier. Mais la sortie de prison du mari de celle-ci va tout faire tourner au vinaigre…
Je pourrais en dévoiler plus, la bande-annonce ne s’en prive pas, mais je n’en ressens pas le besoin. Vous connaissez cette sensation étrange quand vous sortez de la salle sans savoir si ce que vous venez de voir s’est vraiment produit ? Pendant le quart d’heure qui nous séparait de la voiture, j’ai ressassé ce Drive dans ma tète, tentant de donner un sens à ces images d’un beauté crépusculaire, à cette bande-son parfaite, a l’interprétation d’un autre monde.
Oui, Drive est un devenu mon film référence. Et propulse Ryan Gosling au sommet de mes acteurs favoris, lui qui tenait déjà une bonne place sur le podium grâce à Half Nelson entre autres.
Il est très difficile de parler de ce film sans sombrer dans le ridicule ou dans les contresens les plus grotesques. Drive est un film de course-poursuite intellectuel. Drive est un film d’amour poignant ultra-violent. Drive est un film quasi-silencieux qui contient la plus belle (et la plus « paraphrasante » !) bande-son du monde (et qui fait définitivement basculer le film dans une sorte d’hommage 80’s post-moderne). Drive est le film ou son héros sous-joue le plus et exprime plus d’émotions de dos que Bruce Willis dans toute sa carrière, et ou chaque second rôle pourrait justifier un Oscar a lui tout seul.
Drive ne sera pas pour tout le monde, cela va s’en dire. Les kékés qui s’attendent a un Taxi a l’américaine (ou même a un Michael Mann) vont vite déchanter devant la succession de plans lents, silencieux, contemplatifs et le nombre très réduit de courses-poursuites (deux tout au plus, mais quelle montage mes enfants !), les fans féminismes du beau Gosling risquent de bien dégueuler devant certaines scènes d’une violence inouïe (j’en ai même ri une ou deux fois, plus un rire nerveux qu’autre chose), les fans de polars bavards a la Tarantino vont vite pleurer devant ce héros quasi-muet… mais au charisme qui transpire de chaque scène.
Bref… Drive, c’est pour qui ? Pour tout le monde, et personne. Pour les gens qui aiment le BEAU cinéma, qui aiment voir un réalisateur au sommet de son art livrer un copie à pleurer de beauté (personne n’a jamais shooté LA comme ca), pour ceux qui aiment les histoires d’amour contrariés, les bagnoles (un peu, quand même), et pour ceux qui veulent voir comment un acteur investi a 100% dans tous les projets auxquels il participe peut transformer tout ce qu’il touche en or.
Drive, c’est MON nouveau film culte. Peut-être sera-t-il le votre aussi. Ou pas.