Ghosbusters : Ça ne vient évidemment pas de sortir, mais j'ai pu me rendre à une projection thématique pour rendre hommage à ce must du divertissement, et je suis heureux de l'avoir vu sur grand écran. Contrairement à ce que je croyais, retrouver de vieilles bandes potables pour projeter un film aussi daté (1984), c'est visiblement compliqué. Ça craquelle tel un vinyle, le son porte le poids des années, et disons qu'il ne faut pas être allergique aux images un peu heurtées.
Sur le film, j'y allais évidemment conquis, même si tout élan nostalgique mis à part, je dois bien dire que la fin reste assez grand-guignol, avec un Zuul assez ridicule qui ressemble à Jeanne Mas, entouré de deux chiens en carton. Heureusement que le cultissime Bibendum chamallow sauve la mise, même si de toute façon, on n'est pas en présence d'un film qui se prend au sérieux.
Et Bill Murray y est toujours aussi drôle.
Twixt : Le dernier Francis Ford Coppola est une déception quasi-intégrale. Ça ne fait jamais peur, c'est esthétiquement trop appuyé même si parfois sympathique, et c'est surtout plombé par des apparitions grotesques de Edgard Allan Poe, toute moustache dehors, qui donne la leçon à un Val Kilmer (très) rondouillard, dans le rôle cliché de l'écrivain de troisième zone en panne d’inspiration. On frôle parfois le comique involontaire.
Pour ne rien arranger, le film passe à côté de ses sujets, trop ambitieux qu'il était à vouloir mêler enquête d'investigation, et réflexions sur la mort, la beauté, et le reste. On sent poindre deux ou trois idées intéressantes, mais la mayonnaise ne prend jamais, ce qui se comprend sans mal quand surgissent des gothiques autour du feu en train de réciter du Baudelaire.
En revanche, Elle Fanning réserve quelques scènes fortes. Les meilleures du film, à vrai dire.
Passons aux choses sérieuses.
Margin Call est un petit film indépendant tourné en 17 jours, le premier d'un réalisateur qu'il faudra sans doute suivre, J.C Chandor. Bien aidé par un casting béton (Kevin Spacey, Zachary Quinto, Demi Moore, Jeremy Irons...), le film se propose de suivre en huis clos la nuit d'une société de traders qui allait lancer la crise financière de 2008. Sujet compliqué. Mais ce qui m'a sincèrement épaté, c'est que le film n'élude pas les difficultés pour se faire intelligible, il y parvient étonnamment sans sacrifier son réalisme. C'est extrêmement bavard, souvent technique dans les termes, dénué d'effets tape à l’œil, et pourtant, c'est prenant. Et brillamment écrit. Le script est d'une qualité rare, chose que cette brochette d'acteurs de grand standing met merveilleusement en valeur. S'ils ont d'ailleurs accepté de tourner ce tout petit film dénué de moyens - et donc peu payé, pour être clair - c'est bien parce que l'écriture des personnages, des dialogues et du scénario, se révèle d'une finesse et d'une intelligence redoutables. Pas d'archétypes sur pattes, pas de plaidoirie anti-capitaliste facile, pas de twists scénaristiques grossiers... J'ai du mal à lui reprocher quoi que ce soit, et pour ce qui me concerne, c'est certainement le meilleur film que j'ai vu cette année avec "Take Shelter".
J'ai envie de vous le conseiller très fort, tout en vous mettant en garde : ça ne fait que parler finance, marchés, implication morale et intime, le tout dans un gratte-ciel de Wall Street. C'est l'anti-blockbuster par excellence, sauf que je ne me suis pas ennuyé un quart de seconde. Le film est d'ailleurs considéré comme un thriller, et force est d'admettre que c'est effectivement ce qu'il suscite.
Et puis quand même, Kevin Spacey, c'est un monstre sacré ce mec. Je trouve qu'on parle peu de lui, eu égard à son talent et son charisme.