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[Yoan]

La Taupe, je l'ai trouvé étrangement beaucoup plus opaque et tortueux que J. Edgard, mais aussi - et surtout - beaucoup plus prenant.
Honnêtement, j'ai eu terriblement de peine à suivre. Une histoire de trahison sur trahison sur trahison, que rien ne vient vous rendre facile. Des ellipses, des détails ultra-importants qui méritent une attention parfaite, une machination déjà compliquée où tout ce qui permet de retrouver son chemin n'est pas surligné. Si vous vous pensiez doués à "Cluedo", allez voir "La Taupe", ça remet les idées en place.
Alors autant je trouve le film brillant pour ce qui concerne la mécanique d'espionnage, l'atmosphère des années 70, la mise en scène etc, autant je lui trouve deux défauts béants :

- Zéro dimension politique. D'aucuns diront que ce n'est pas le sujet du film, je leur répondrai que si c'est une impasse volontaire, c'est à mon sens dommage. Trouver la taupe pour trouver la taupe, c'est un jeu amusant, mais c'est un peu vain tant c'est décontextualisé ici. Il y avait des choses à dire sur la guerre froide, sur les intérêts contradictoires des différents camps... Non, on est ici au cœur d'un jeu de pistes, d'une subtilité à toute épreuve, mais ce n'est que ça.

- Une dimension humaine survolée. Les personnages, malgré leur prestance, ne sont à peu près tous que des pions sur un échiquier. Les motivations des uns et des autres sont à peine citées, et même pour ce qui concerne Smiley - joué par Gary Oldman - j'ai eu du mal à "rentrer dans sa tête". On n'est pas avec les personnages, on se débat juste avec l'intrigue.

Alors j'avoue que je suis mitigé, parce qu'il y a des choses que j'ai adorées, et je n'ai même pas été rebuté par mes incompréhensions. Mais au delà du vernis de sa complexité, je trouve que le film n'a pas su prendre de la hauteur. Trop appliqué à nouer et dénouer une intrigue millimétrée, on se demande un peu ce que ça raconte.

[Yoan]

Vu "La Dame de Fer" avec Meryl Streep. Et je viens déjà quasiment de vous résumer le film, qui n'en est pas vraiment un. C'est une tribune pour une actrice d'exception. On a le sentiment un peu étrange d'assister à une démonstration dramatique, alors que le propos politique est famélique, et qu'il n'y a ni critique, ni vision. Même la chronique familiale - un peu plus développée - est paresseuse.
Je ne sais pas trop ce que le réalisateur a voulu dire et montrer, sinon que la "dame de fer" elle aussi avait ses fêlures, mais ça manque sévèrement de liant. Et de sens, en fait.

[Pidjay]

que ceux qui ont la carte ugc (ou pas d'ailleurs) aillent voir "detachment" avec Adrien BRODY ! un film très très beau sur l'éducation aux etats unis. non c'est pas un doc, mais c'est une sorte de constat plutot sombre des difficultés que rencontrent les profs...mais ça va au delà de ça, et non ce n'est pas "esprit rebelles 2" c'est autrement plus subtile et...beau...

bref. je le conseille, j'ai beaucoup z'aimé. (et j'trouverai ça dommage avec tous les films que vous voyez que vous loupiez çuilà !)

[Paint]

Mon frere m'en a dit beaucoup de bien aussi. Puisqu'au final le sujet est "assez" proche de celui d'Half Nelson, si tu as vu ce dernier, sont-il de meme niveau?

[Auré]

[Yoan]

On n'y est pas allé parce que ça m'attirait moins que toi. (Je plaide coupable).
Mais je serais curieux de savoir avec lequel de tes amants tu me confonds.

[Auré]

[Yoan]

Detachement : Allez pas croire que je le fais exprès, mais autant j’ai trouvé ça beau et touchant, autant le film m’est apparu faussement subtil. On a quand même droit à pas mal de clichés dans le pathos, de situations bien tire larmes et convenues, d’un peu de morale facile, et ça ne passe bien que parce que le film est porté par son efficacité, et une forme évidente d’élégance dans la mise en scène. Comme en plus c’est excellemment joué – je ne connaissais pas trop Adrien Brody, mais il m’a épaté dans ce rôle – ça achève de rendre le métrage attachant et redoutable dans l’émotion. De là à trouver ça réaliste, voire proche du docu-fiction, il y a un gouffre que je ne sauterai pas.

Chronicle : Jouant la carte de l’hyper réalisme formel, caméra au poing, le film décline pourtant un scénar’ plus que délirant. La recette fonctionne plutôt très bien jusqu’au dernier tiers du film, durant lequel on peine encore à croire en ce qu’on voit. Quelques idées originales en font globalement un film sympa’, même si le pari osé qu’il relève n’est à mon sens pas tenu jusqu’au bout.

[Yoan]

Cheval de guerre : Spielberg livre une œuvre très lyrique, largement soutenue par les violons - dans la grande tradition de John Williams - et ne lésine pas sur les procédés emphatiques pour porter sa fresque humaniste sur des sentiers épiques (et non pas « hippiques », Ahaha). Ceux qui n’aiment pas ce « travers » chez le réalisateur trouveront donc certainement ça grandiloquent et pompeux, mais pour ma part, j’ai envie de dire : « Merde, quelle maîtrise ». Ce mec a une capacité étonnante à transformer ses outrances en filtre interprétatif, et moins qu’une réalité romancée pour abrutir et tromper, ce lyrisme est chez lui porteur d’un message. C’est ce qui en fait selon beaucoup un auteur, quand bien même évoluerait-il en dehors des sphères intello. Libre à qui veut de faire la fine bouche, mais c’est absolument magnifique esthétiquement – certaines scènes sont d’une beauté plastique haletante – et c’est un catalyseur d’émotions indéniable. Il m’a bien fallu tout le générique de fin pour masquer mes larmes, et une fois de plus, j’ai envie de remercier ce grand Monsieur du Cinéma de faire ainsi de la réalité un rêve.

Le territoire des loups : On change complètement de registre puisque là, de rêve il n’est plus question. Étonnant survival à ciel ouvert, « Le territoire des loups » m’a non seulement fait bondir plusieurs fois de mon siège, mais n’a jamais cessé de jouer habilement avec mes nerfs, jusqu’à la toute fin (et « la toute fin », c’est au bout du bout du générique. Moi j’dis ça, j’dis rien). Malgré quelques clichés pas forcément très subtils – le coup des flashbacks, bon, ça va, on connaît – la tension est maintenue avec une régularité étonnante, et l’idée de mêler ainsi oppression et grands espaces fonctionne à la perfection. J’aime beaucoup la prestation de Liam Neeson, par ailleurs.

[Paint]

[Yoan]

[Yoan]

Extrêmement Fort et Incroyablement Près : Adaptation d'un roman de Jonathan Safran Foer (un mec bien dont je vais forcément vous reparler dans le topic qui va bien), le film a l'avantage de jouer d'un point de vue original (celui d'un gosse hyper entreprenant) pour traiter d'un sujet grave (la perte d'un père dans l'attentat du 11 septembre), et de flotter quelque part entre l'irréel et la fatalité. En contrepartie, il a le tort de ne pas assez éclaircir le distinguo entre ce qui relève du monde enfantin et du monde adulte, jusqu'à faire de cette histoire peu banale quelque-chose de finalement trop sérieux. Malgré tout, on finit par se laisser porter par cette enquête saugrenue, menée par un gosse qui a l'air mature comme 3 fois son âge, d'autant que le récit retombe habilement sur ses pattes. L'enfant mis à contribution dans ce rôle est d'ailleurs impressionnant de talent.
Dommage malgré tout qu'il faille appuyer certains effets pour compenser ceux qui passent inaperçus, ce qui donne globalement une impression de déséquilibre constant.

[Yoan]

[Yoan]

Perfect Sense : Moyen. Parce que tantôt singulièrement beau, tantôt subtil comme un numéro de cirque. Et dans le créneau du film apocalyptique métaphorique, « Take Shelter » est déjà passé par là, et forcément, la comparaison fait super mal, en dépit de partis pris très différents en termes de traitement. Belle fin quand même, et beau duo d’acteurs.

Le Paradis des Bêtes : Français. Un drame familial à la mise en scène minimaliste, pour une approche aussi réaliste que glaçante de la violence conjugale, et un focus aussi juste que sévère sur l’égoïsme des guerres d’adultes. Un anti-divertissement réussi.

John Carter : Bordélique. Près de 2h30 d’un Star Wars-like souvent prenant, parfois majestueux, régulièrement risible. S’il n’évite pas le piège des clichés du genre, le film montre une science du rythme qui doit faire pâlir un George Lucas, et offre une occasion sympathique de s’évader un peu.

Les Infidèles : Agaçant. Trop rarement drôles pour offrir un vrai contrepoids à cette surdose – même volontaire – de beauferie concentrée, des sketches inégaux effleurent une thématique pourtant inspirante a priori. Bof.

(Je suis quasiment le seul à poster ici, alors je me permets ces avis express et péremptoires , sauf en cas de coup de cœur).

[silverson]

[Yoan]

Ah, j'ignorais ça.
Mais j'imagine en effet que si un film avec des combats en mode "sauts de puce" s'était appelé "Dana Scully" ou "Ross Geller", ça m'aurait difficilement réjoui. (Bon, après, une de mes séries fétiches a pour perso' principal un certain Frank Black. Mais ça n'a rien à voir).

Sinon, le film a effectivement de quoi rebuter quand on est allergique au genre. Mais comme Andrew Stanton - à qui l'on doit notamment Wall-E ou Nemo - n'est pas tout à fait un manchot, j'ai trouvé l'ensemble pas si pire que si ça avait été moins bien. Tu vois.
Y'a même quelques passages plutôt exaltants.

[cici]

[Yoan]

[cici]

C'est vrai qu'on peut le voir comme ça, mais je sais pas... en fait j'ai vu récemment une mini-série anglaise, Black Mirror, ce sont trois épisodes/téléfilms chacun avec une histoire différente, sur les médias, les réseaux sociaux, etc. Et bref le deuxième épisode est justement sur ce thème-là exactement, et ça m'a paru bien plus cruel (même envers ses héros et alors qu'il n'y a pas de mort), et du coup plus efficace... (même si c'est pas parfait non plus, mais à mon avis le message passe plus clairement)

[Auré]