Je craignais le navet pétaradant, et je dois dire que j'en suis ressorti soulagé. Bien sûr, ça n'a rien d'un grand film, mais on tient là un produit Hollywoodien qui ne manque pas d'atouts. Déjà, les fans - ô combien maltraités depuis 20 ans - peuvent être rassurés : le comics n'est pas massacré, il n'est pas question de tortues alien qui préfèrent les burgers aux pizzas. Les bases sont là, et résonnent avec suffisamment de sincérité pour que l'on soit convaincu que la franchise a été respectée. Et à la limite, que ça ressemble à un objet de divertissement hyper balisé n'est pas incohérent : c'est l'essence même de TMNT que d'incarner la coolitude US à la fois fun et décérébrée, avec suffisamment de détachement pour que le spectacle soit décomplexé et fondé sur le rythme.
Megan Fox - et je vous jure que ça me scie de l'écrire - est meilleure actrice que ce que j'imaginais. Son personnage fait même figure d'atout charismatique inattendu, si tant est que sa seule "performance" puisse boucher les trous d'une écriture qui ne laisse de place qu'à l'action.
Globalement, c'est donc sympathique et efficace, bien travaillé en termes d'ambiance et d'imagerie TMNT-esque, même si - je l'ai suffisamment dit - j'aurais préféré des tortues moins empâtées et esthétiquement plus fines. Cela dit, je dois reconnaître qu'à l'écran, ça passe un peu mieux que ce que j'ai pu craindre. A moins que je ne m'y sois fait avec le temps.
Pour autant, pas de quoi se taper le cul par terre, comme prévu. Au-delà du show, il y a encore et toujours ce vide qui manque de donner un fond au film. Les liens fraternels, thème important de la série, sont ici survolés à l'extrême et ne font guère l'objet que d'une ou deux répliques stéréotypées. Liebesman semble avoir choisi de sacrifier tout le pan "psychologique" du film, au point qu'on ne voit jamais poindre l'ombre d'une tension dramatique puisque les personnages sont sympathiques, mais désespérément creux. TMNT ou pas, il y a toujours mieux à faire.
Autre souci, plus gênant dans la mesure où le film joue frontalement la carte du teen-movie qui tabasse : certaines scènes d'action - dont celle dans la neige, insupportable - sont à la fois hystériques et brouillonnes. Trop, c'est trop. Même quand ça parle de tortues mutantes et ninja portant des noms de peintres de la Renaissance, on ne peut pas faire n'importe quoi : quand tout virevolte dans un magma numérique criard et épileptique, on se dit qu'il manque derrière la caméra un mec qui sait mieux doser ses effets. Je ne suis pas un spécialiste absolu des scènes dites "d'action", mais je reste persuadé qu'il s'agit là d'un "art" dont il faut savoir maîtriser les ficelles. Ici, m'est avis qu'on franchit à plusieurs reprises les frontières du bon goût, au point d'attenter à l'efficacité-même de toutes ces cabrioles qui virent aux pitreries incontrôlées. C'est d'ailleurs la première moitié du film, plus posée, qui est la plus réussie.
Alors pour un indécrottable fan dans mon genre, je crois pouvoir dire que ça marche. Ce n'est pas la trahison ou le produit contrefait que tant ont redouté. Ce n'est pas encore une adaptation optimale de ce que la franchise a dans le ventre, mais tout n'est pas à jeter, et c'est déjà pas si mal.
Une suite est prévue pour 2016, succès massif aux USA oblige. Pas sûr toutefois que repartir sur les mêmes bases soit une bonne nouvelle...
PS : Finq, Michael Bay (qui a produit le film) ne joue pas dedans. Tu l'as confondu avec William Fichtner.