
J’imagine que non.
Il est grotesque, en effet, de recourir à tant d'artifices juste pour présenter une œuvre. Autant qu’il est improbable de trouver des gens qui s’y soient essayés. Moi-même, je me serais bien gardé de faire autant de zèle, s’il ne m’incombait pas – pour lier le fond et la forme - de rendre compte d’une certaine démesure. Une démesure qui concerne à la fois l’œuvre, de par ses ventes et sa nature, mais aussi ma ferveur admiratrice. Car, comme le disait Alfred Borden, « l’ampleur de ma passion équivaut à celle de cette tâche ». 2 Et réciproquement, les proportions qu’ont prises mes écrits ne sont que le juste reflet de mon fanatisme. Reflet que j’ai tenu à garder intact, cela va sans dire. C’est pourquoi, même si j’ai conscience de vous proposer, davantage qu’une review, une alternative à la page Wikipedia de One Piece, je refuse d’abréger le propos.
Ceci dit, ce n’est pas comme s’il vous était interdit de lire la chose partiellement.
C’est même plutôt recommandé, en cela que les non-initiés ont meilleur compte d’ignorer les spoilers, et que les fans n’ont pas besoin de se faire réexpliquer ce qu’ils savent déjà. Le texte, dans sa globalité, s’adresse surtout à ceux qui manquent - par simple désinformation ou par a priori négatif - de motivation. Et si vous n’en êtes pas, peu importe : tant que vous ne lisez pas en diagonale, aucun spoiler inopportun ne viendra vous prendre en traître. Tous sont indiqués. La seule chose à savoir, si vous souhaitez sauter une partie de la review, c’est qu’il faut toujours se rediriger directement au post qui suit. Toujours.
Sur ce, chers moussaillons, il est grand temps de larguer les amarres. La route va être longue, et on n’a pas le temps de lambiner.
Hissez ho !

Introduction
Avant-propos
Tout débuta le 01/01/1975, avec la venue au monde d’un petit japonais.
Eiichirô Oda ( 尾田栄一郎)
Tel est son nom ; même si les fans dont je me revendique se plaisent à l’appeler Maître Oda.
Durant son enfance, il développe une passion pour les vikings et les pirates. Passion d’autant plus insolite que ce ne sont pas les personnages fictionnels qui suscitent son admiration, mais bel et bien ceux qui ont marqué l’Histoire. Les vrais de vrais. Or, pour un môme, on conviendra que ce n’est pas ce qu’il y a de plus commun. D'ailleurs, cela a de quoi rappeler la fascination toute aussi singulière du jeune Osamu Tezuka 3 pour les insectes. Là non plus, ce n’est pas banal. Et on en viendrait presque à croire que de tels centres d’intérêt sont symptomatiques d’une carrure d’artiste.
Car un beau jour, tout comme celui qu’on surnomme aujourd’hui le Dieu du manga, Eiichirô Oda décide de se lancer dans la carrière ô combien périlleuse de mangaka. Et en 1997, après avoir gagné plusieurs prix divers et variés - dont le 44ème prix Tezuka - il débute sa première série :
One Piece.
Comme l’ont été en leur temps Dragon Ball Z et Les Chevaliers du Zodiaque, pour ne citer que les plus connus, One Piece est ce qu’on appelle un shônen, et même plus précisément un nekketsu. C’est-à-dire un type de manga extrêmement codifié visant en priorité les jeunes garçons et s’articulant autour de scènes d’action ou de combats épiques. Un genre de shônen tant représenté qu’il inonde littéralement le marché.
Mais One Piece, du fait que la piraterie soit loin d’être un thème bateau dans le monde du manga, parvient assez facilement à se distinguer. Et on ne peut pas dire que l’effort d’originalité ait laissé les japonais indifférents, puisque Maître Oda explose tous les records de vente nationaux.
Oui, tous. Même ceux d’Akira Toriyama avec Dragon Ball. C’est dire. 4
Toutefois, vous vous doutez bien que si l’originalité du sujet abordé suffisait pour expliquer l’ampleur du succès, cette review n’aurait pas lieu d’être…
SourceLe volume 57 de One Piece s'est vendu à 1 690 932 exemplaires pour sa première semaine d'exploitation , un nouveau record de vente sur une première semaine au Japon, tous livres confondus.
Il dépasse ainsi l'ancien livre "record" le... volume 56 !!
Source
Des ventes exemplaires, c’est le moins que l’on puisse dire.
Mais la situation est loin d’être identique en France. Car même si, chez nous, One Piece est passé devant Naruto dès 2011, ce n’est pas pour autant qu’il monopolise les ventes. Et il n’y a pas cinquante façons d’expliquer pourquoi ce manga ne connaît pas le même succès dans nos contrées. Si on écarte la diffusion ultra-laborieuse de la série animée sur nos écrans, c’est en grande partie parce que le coup de crayon de Maître Oda rebute.
En effet, son trait simple et arrondi, couplé aux trouvailles graphiques issues de son imagination délirante, procure à l’œuvre un aspect que pas mal de jeunes français jugent « trop gamin ». Parce qu’un gosse de 14 piges capable de renier jusqu’à son amour des Disney pour montrer qu’il n’est plus un petit n’enfant, il n’y a guère qu’au Japon que ça n’existe pas. C’est ça de vivre dans un pays où personne ne considère ni les mangas ni l’animation comme l’apanage de la jeunesse.
En tout cas, quand ce gosse-là voit, d’un côté, un homme-élastique complètement niais équipé d’un chapeau de paille et d’une paire de tongs 5 , et de l’autre, une tribu de ninjas à l’air badass et aux techniques de combats qui pètent la classe, son choix est vite fait. Et pourtant, par là même, il passe à côté d’un manga dont le dessin est un point fort des plus indéniables.
En premier lieu parce que One Piece passe à côté de ça :

Couleur de cheveux, piercings, rides, tatouages : tout est bon pour dissimuler le fait que certaines gueules sont identiques. Ceci dit, je le concède volontiers, la réutilisation constante des mêmes traits pour ses personnages est naturelle et compréhensible. On passe rarement à côté. Et de toute façon, tant qu'on peut distinguer chaque individu d'un rapide coup d'œil, ce n'est pas un problème. Mais, gênante ou non, cette manie de toujours dessiner les mêmes têtes n’en reste pas moins la bête noire de tout charadesigner, l’objectif de ce dernier étant de créer sans cesse des personnages qui ne ressemblent à aucun autre. Or, passer outre cette manie est plus facile à dire qu’à faire.
Parce que j'ai pris des visages de Masashi Kishimoto 6 comme exemples, mais j'aurais très bien pu choisir des dessins d'Akira Toriyama. Entre ses travaux sur Dragon Ball et les Dragon Quest, les personnages qui ont exactement la même tronche, ça ne manque pas. Et pourtant, tout le monde s’accorde à dire qu’il est un très bon charadesigner. Parce qu’avec plus d’une centaine de protagonistes à son actif, il était inévitable que son art finisse par tourner en rond.
Toute imagination connaît des limites.
Celle d’Akira Toriyama n’y échappe pas.
Et celle de Maître Oda non plus. Quoique la sienne, et c’est là où je voulais en venir, est proprement hallucinante.
Déjà – parce que je ne convaincrai personne sans montrer ma bonne foi – il est vrai que Maître Oda est aidé par son univers surréaliste qui lui laisse la liberté de créer les faciès les plus fous. Un peu à l’instar de Toriyama qui, en multipliant les extra-terrestres et les animaux qui parlent, évitait de tomber dans la redite, et ce plus facilement que s’il ne devait dessiner que des êtres humains dans un contexte réaliste.
Soit.
Aussi, sur les quelques centaines de personnages hauts en couleurs que Maître Oda nous a concoctés, des sosies, on en trouve. Prétendre le contraire serait une bêtise.

Mais la plus grosse bêtise, pour le coup, c’est de chipoter à l’aide de ce genre de montages comparatifs.
En effet - et là, je vais tenter d’être clair - que le charadesign de cette série ait montré ou non ses limites n’est pas la question. Tout simplement parce qu’il est le plus diversifié et le plus surprenant qu’il m’ait été donné de voir. Et à ma connaissance, l’univers shônen n’en a que trop rarement accueilli de pareil. 7
Point.
Et comme l’art dont on parle ne se limite pas au charadesign, j’aimerais aussi signaler que le trait de Maître Oda, par sa singularité, diffère de celui du « shônen de base ». Celui dont le design n’a aucun secret pour personne tant il a été vu, maintes fois, jusque dans les manuels pour apprendre à dessiner « façon manga ». Et quand on commence à ne plus pouvoir blairer le style graphique inhérent au genre, forcément, ça fait du bien.
Sans compter que ça permet à l’œuvre d’avoir une vraie identité, un charme qui lui est propre : une planche tirée d’un exemplaire de One Piece, ça se reconnaît direct. Et à des kilomètres à la ronde, en plus de ça !
Bien sûr, parce qu’il faut bien rester objectif, ne vous attendez pas à un rendu aussi recherché et aussi soigné que ce qu’on peut trouver dans le manga « d’auteurs ». Car quoi que je puisse en dire, le fait est qu’il s’agit d’un blockbuster à rythme de parution élevé, et que l’auteur est contraint de suivre des délais exagérément resserrés. Et une politique éditoriale qui privilégie aussi nettement le quantitatif au qualitatif, évidemment, ça se ressent.
Ainsi, même si il est irréprochable pour tout ce qui est statique, Maître Oda a une légère tendance à négliger les scènes d’action. Le rendu assez brouillon obtenu pour certaines d’entre elles ne conviendra pas à tout le monde. D’où des réactions à base de « One Piece, c’est moche » un poil exagérées 8 , dirons-nous, même s’il est vrai qu’on est loin de la qualité d’un Dragon Ball à ce niveau-là. Mais plutôt que de vous montrer l’exemple d’un tel rendu, et par pur souci esthétique, je préfère terminer cet aparté par des planches et des pages couleurs autrement plus réussies.






















One Piece, c’est quoi ?
Déjà, je pense que c’est important de le préciser, nous sommes à mille lieues d’un manga réaliste, sur le fond comme sur la forme. Maître Oda a préféré nous transporter dans un univers issu de son imagination de dingue, qui, étant à la fois merveilleux, mystérieux et dangereux, laisse la part belle à l’aventure.
Pour vous le dire sans détour, la découverte du globe, c’est 50% de l’intérêt du manga.
Quant à approfondir et vous expliquer pourquoi, c’est 100% de spoil. Je garde donc ça pour plus tard.
Deuxième point important, One Piece est un nekketsu pur jus.
Et à ce titre, il respecte scrupuleusement les codes caractéristiques du genre : beaucoup de combats, de l’amitié, un héros naïf à l’ambition démesurée, un peu d’humour, etc… Donc si des titres comme Dragon Ball, Saint Seiya, Naruto, ou Bleach ne vous ont jamais arraché autre chose qu’un regard empli de dégoût ou d’incompréhension, inutile de vous leurrer, vos chances d’aimer One Piece sont pratiquement inexistantes.
Mes excuses, donc, à ceux qui ont lu jusque-là pour rien.
Mais si j’ai dit « pratiquement », c’est bien parce qu’il reste la possibilité que vous ayez, d’ores et déjà, l’œil et l’exigence d’un connaisseur, et que vous sachiez repérer et déplorer les facilités inhérentes au genre, les déjà-vus, les stéréotypes, etc… Auquel cas One Piece peut s’avérer être une bonne surprise.
Parce que, ce qu’il faut bien comprendre, c’est que le nekketsu est, de loin, le type de manga qui plait le plus et qui se vend le mieux : il est donc surreprésenté. On parle là d’un marché dans lequel beaucoup cèdent à la facilité et vivent en ne produisant que du archi-racoleur sans intérêt. Je ne le dis pas sans exagération, certes, mais grosso modo c’est ça. Et donc les auteurs de nekketsu, souvent, ne maîtrisent pas le genre ni n’en sont spécialement friands.
Evidemment, Maître Oda n’est pas de ceux-là. Il a, au contraire, su dompter et faire évoluer cette recette populaire qui, depuis Toriyama, n’avait pas vraiment connu de remise à neuf. Ou en tout cas pas d’aussi manifeste.
Et pourtant, il y en avait bien besoin. Ô oui. Ne serait-ce qu’à cause de ce que j’appelle le syndrome du nouvel OMO 9 , et qu’on pourrait traduire par « vas-y que j’te fais venir de nulle part un nouvel antagoniste encore cinquante-trouze fois plus fort que le précédent ». Ce fléau-là a perduré depuis – rendez-vous compte - les années 90. C’était cool à l’époque, mais faut pas déconner ; aujourd’hui, on est en droit d’attendre davantage de subtilité.
Et c’est là que Maître Oda intervient.
« En héros » aimerais-je ajouter, mais honnêtement, je crois que One Piece est moins à applaudir que beaucoup de shônens sont à huer. À moins, bien sûr, qu’il soit louable de ne pas accuser un retard de 20 ans. Mais dans le doute que ce ne soit que chose honnête, je préfère m’abstenir d’éloge.
Concrètement, ce que Maître Oda a réussi à faire, c’est user intelligemment du principe de suspension consentie d’incrédulité 10 , en créant un monde dont les règles légitiment bon nombre des codes caractéristiques du nekketsu. Mais comme je sens que je viens de perdre les trois quarts de mon lectorat, déjà peu dense, voilà un exemple.

Par quel miracle débarquent-ils dans un ordre croissant de puissance?
Et surtout, pourquoi apparaissent-ils un par un ?
« Parce que c’est des méchants » répondrait Didier Bourdon, de son accent asiatique le plus stéréotypé. 11 Et effectivement, le syndrome du nouvel OMO n’a pas souvent bénéficié de meilleure explication.
Maintenant, changeons légèrement l’histoire.
Le monde dans lequel nous vivons est un immense couloir, limité par deux culs de sac : un mur blanc, et un mur noir. Mais personne n’a jamais réussi à voir ce mur noir, le couloir devenant de plus en plus dangereux et impraticable à mesure que l’on s’éloigne du mur blanc. Le héros, plutôt casse-cou, veut tenter la dangereuse traversée. Sur sa route, il rencontre un méchant, et il le vainc. Puis il en rencontre un plus fort, mais il le vainc encore. Et ainsi de suite.
On assiste ici à la même montée en puissance des antagonistes, à la différence près qu’elle est bien moins absurde. Parce que mon speech sur le couloir l’a entièrement justifiée, et c’est typiquement ça le principe de suspension d’incrédulité : je vous demande, dès le départ, d’entrer dans mon jeu en acceptant un postulat complètement absurde, mais ensuite, je dois me débrouiller pour que l’histoire soit cohérente. Ici, finalement, le plus invraisemblable aurait été que le héros rencontre, en avançant dans le couloir, un adversaire moins fort que le précédent.
Voilà pour le principe.
Et naturellement, Maître Oda fait cela bien mieux que moi, puisqu’il est parvenu à gérer en même temps plusieurs des conventions spécifiques aux shônens, telles que la notion d’aura, l’échelonnage chiffré de la force des personnages, l’éternel hub auquel on retourne entre chaque arc, la destinée flamboyante du héros, etc…
Mais son travail ne s’arrête pas là. Parce que même lui n’a pas pu justifier le fait que, dans un nekketsu, les personnages scandent toujours le nom des techniques de combat qu’ils emploient. Techniques qui, parfois, sont hiérarchisées comme peuvent l’être celles d’un RPG tour par tour. C’est-à-dire de façon très rigoureuse, avec des catégories, des évolutions, et tout le tintouin ; le comble de l’artificiel, en somme.
Du coup, ce petit malin a décidé de parodier la chose.
En fait, c’est simple : les codes caractéristiques du genre qu’il n’a pas su ancrer à l’univers et rendre à peu près naturels, il les a traités au second degré et sciemment exagérés.
Une bonne idée, certes. Qu’on sait apprécier un temps. Mais qui – et c’est regrettable – fonctionne moyennement sur le long terme. En effet, les gags spécifiques à cet aspect « parodie de nekketsu » se faisant trop rares, il me paraît inévitable que tout lecteur finisse par prendre au premier degré les exagérations les plus évidentes.
Tout n’est pourtant pas noir, l’initiative ayant fait naître quelques scènes assez croustillantes. Que ce soit un personnage qui modifie l’intitulé de son coup de pied selon qu’il touche le menton, les dents ou la joue de l’adversaire, ou deux combattants qui réfléchissent à voix haute et un peu trop longuement au nom de leur attaque combinée, le charme opère.
Quoi qu’il en soit, je n’insisterai pas davantage sur la façon dont Maître Oda a retravaillé la formule nekketsu.
Déjà parce qu’il faudrait que je me mette à spoiler, et il est définitivement trop tôt pour ça. Mais aussi, et surtout, parce qu’il me reste un point à éclaircir de la plus haute importance : Le ton de One Piece.

Comprenez, déjà, que ce manga évolue dans un registre triple : il se veut à la fois épique, tragique et comique.
Ce qui, étant le cas de beaucoup de shônens, n’a rien de très insolite ; il faut bien l’avouer.
Mais on reconnaîtra tout de même deux particularités à One Piece. D’une part, ce qu’il a d’épique lui vient davantage des voyages du héros que des combats ; et d’autre part, il bénéficie d’un décalage comique omniprésent qui permet à Maître Oda d’alourdir sans retenue le tragique de ses histoires.
En effet, si le nekketsu a toujours, plus ou moins, été riche de rebondissements spectaculaires et de scènes d’action mouvementées, il a trop souvent oublié de proposer une véritable aventure. Or, si captiver le lectorat et forcer son admiration pour les personnages, c’est une chose, le faire voyager en est déjà une autre. Et c’est ça, la grande force de One Piece : c’est que c’est dépaysant. Avec ce manga, vous allez découvrir un monde nouveau, enchanteur, soigné dans le moindre petit détail, et ce à travers une odyssée des plus fascinantes. C’est en cela qu’il est épique. Ce n’est pas grâce aux combats livrés par les héros. En fait, en comparaison, ces derniers jouent presque un rôle mineur. Et pourtant, ils constituent, très clairement, l‘argument principal de presque tous les autres nekketsu que j’ai pu lire…
Si on ne tient pas là l’essence même du succès incroyable de ce manga, alors que tient-on ? Je vous le demande.
Chose moins importante, mais pas négligeable, One Piece est pourvu d’un humour totalement absurde et décalé.
Humour qui se manifeste de façon ponctuelle, avec des gags d’une idiotie sans nom à l’efficacité toute relative, mais aussi d’une façon plus indirecte, que je qualifierais d’atmosphérique.
Alors déjà, contrairement à certains fans qui soutiennent, sans fléchir, que One Piece est avant tout un manga comique, moi, les gags hilarants, je vous demanderai de ne pas trop compter dessus. Non pas que ce soit fondamentalement mauvais et pas drôle ; c’est même suffisamment rafraîchissant et bon enfant pour arracher un sourire à n’importe qui. Mais ça n’ira pas souvent au-delà d’un sourire, justement. D’autant que beaucoup de gens sont assez hermétiques à ce type d’humour brut et absurde, qui, comme il est japonais, est des plus particuliers.
De toute façon, même dans le cas où vous n’y adhéreriez vraiment pas, ça ne vous empêchera pas d’apprécier le manga. Maître Oda a en effet dosé la chose assez modérément, de façon à amuser le jeune public sans perdre le reste du lectorat que trop de niaiserie pourrait écœurer. Pas de soucis, donc, pour les réfractaires. Il ne tient qu’à eux d’ignorer des gags tout-à-fait négligeables, et de laisser les chanceux qui y sont réceptifs s’en délecter.
En revanche, s’il y a bien une chose à laquelle il ne va pas falloir être allergique, c’est à l’atmosphère comique du manga. On baigne constamment dedans. Déjà parce que le dessin, n’étant pas des plus adaptés à l’exercice de l’effroi, participe à un décalage comique - les créatures les plus flippantes de One Piece ont en effet davantage leur place dans Monstres & Cie. que dans Alien 12 - mais aussi et surtout parce que l’univers de ce manga est totalement délirant. Il s’agit, après tout, du terrain d’expérimentation d’un mangaka fou à l’imagination sans borne. Des idées saugrenues, il en a concrétisées des tas.
Mais pour ne rien spoiler, je ne vous en donnerai aucun exemple.
Rappelez-vous seulement que l’auteur dont on parle est japonais. Et que les japonais sont ceux qui ont inventé, entre autres, le moteur USB auquel on ne peut rien connecter, le tapis roulant pour chiens, et le radio réveil « bombe à retardement » qu’il faut désamorcer en débranchant le bon fil… 13
Véridique. Même que si on se loupe, un bruit d’explosion finit de nous déchirer les tympans.

En tout cas, croyez-le ou non, mais Maître Oda rivalise d’absurdité avec les ingénieurs de son pays : dans One Piece, c’est à foison qu’on trouve des concepts aussi tordus. Et ces trouvailles, toutes plus loufoques les unes que les autres, qu’elles soient graphiques, conceptuelles, ou purement scénaristiques, façonnent une espèce d’humour sous-jacent et omniprésent, qui reste dans les mémoires et identifie l’œuvre, là où les effets comiques plus directs se révèlent complètement accessoires.
Pour autant, je maintiens que ce n’est pas un manga où l’on rit beaucoup. Car cette atmosphère comique dont je viens de parler ne vise pas vraiment à être drôle. En fait, elle n’est que le décalage qui va permettre à Maître Oda de se la jouer « tragédie grecque » sans faire fuir les plus jeunes, ni remémorer Rémi sans famille 14 aux plus vieux. Des apparences guillerettes pour un contenu moins niais, en somme.
Plutôt malin de sa part.
Parce que la définition première d’un pirate est, tout de même, celle d’un pilleur qui écume les mers dans l’optique d’attaquer les navires marchands qui passeraient par là. À moins vraiment de les réduire à de simples chercheurs de trésors, on ne peut pas en faire les intervenants principaux d’une œuvre sans traiter les notions de cruauté ou d’injustice. C’est évident. Et One Piece n’y coupe pas.

Torture, guerres, rébellions, peine de mort, racisme, esclavage, abus de pouvoir, famines : on ne nous épargne pas grand-chose. Et pourtant, grâce à cette fameuse atmosphère comique, tout cela passe comme une lettre à la poste. C’est bouleversant à souhait, mais ça ne fout jamais le cafard.
De la belle tragédie, ai-je envie de dire.
Toutefois, Maître Oda préfère mettre à cela quelque distance, en reléguant les évènements les plus funestes au passé. Ce n’est pas triste, mais c’était triste. Voilà toute l’astuce. Le plus fort étant que le lecteur finit par associer systématiquement les pages noires – que, par convention, on utilise pour les flashbacks – à des scènes prodigieusement tragiques et émouvantes. C’est vous dire la portée symbolique de la chose : à peine aperçoit-on du noir en coin de page que l’on ne sourit déjà plus. Un détail, certes, mais qui me laisse pantois à chaque fois que j’en fais l’expérience. 15
Et puis, il va sans dire que les visages ultra-expressifs que dessine Maître Oda jouent pour beaucoup dans l’intensité dramatique desdites scènes. Ce mec retranscrit et exagère les émotions comme pas deux.

Une véritable cohabitation du tragique et du comique, donc.
Qui joue du contraste comme de l’atténuation, pour finalement toucher tous les types de public.
Avec la dominante épique en plus, on obtient ce que j’appelle, personnellement, un cocktail de choix. Savamment dosé, donc délectable. Et qui change de l’habituelle bouillie de légumes… 16
Mais trêve d’éloges.
Car on en arrive maintenant à un point qui fâche. Tellement, même, qu’il prendra la forme d’un avertissement :
Ne vous fiez pas aux onze premiers tomes.
Oui, vous avez bien lu.
Je demande bel et bien à ceux qui souhaitent se procurer la série de ne pas accorder trop d’importance aux 77 premiers euros qu’ils dépenseront. Chose à laquelle il est, j’en conviens, assez difficile de se résigner. Surtout présentée ainsi. Mais il faut voir ça comme un investissement, exactement comme quand on paye une console avant d’acheter des jeux. Parce que la démesure a un prix, chers amis, et qu’on ne pose pas les bases d’une si grande épopée en seulement cinquante pages.
J’en viens donc là : ce qui s’étale sur 11 tomes, aussi fou que cela puisse paraître, c’est bel et bien l’introduction de One Piece.
Et là, ceux qui connaissent un peu l’univers shônen doivent être tombés de leur chaise, ce genre de mangas démarrant TOUJOURS très rapidement. Mais je compte bien expliquer cette étrangeté en détails, et ce dès maintenant.
Comme vous avez pu le voir sur ce tableau , One Piece est édité par le géant Shūeisha, qui a la main mise sur bon nombre de blockbusters. Mais cette maison d’édition possède également des magazines de prépublication de mangas, grâce auxquels elle peut estimer la popularité de ses séries. Et c’est à ce système pernicieux que j’impute le démarrage laborieux de One Piece.
L’idée est simple. Il s’agit de soumettre, un à un, les chapitres du manga à un vote des lecteurs. Et s’ils ne plaisent pas suffisamment, Shūeisha en stoppe la publication. Mais – et c’est ça qui est dégueulasse – la sérialisation peut très bien être stoppée avant même qu’un seul volume du manga n’ait été mis en vente. Auquel cas l’auteur l’a complètement dans l’os : c’est « Try Again From The Start» ou « Quit ». 17
Un scénario catastrophe à éviter à tout prix.
Et quand on sait qu’un chapitre ne se résume qu’à une vingtaine de pages, on comprend pourquoi personne ne prend le risque de travailler sur la longueur. En fait, seuls ceux qui ont déjà une certaine notoriété et tout le troupeau de fans qui va avec peuvent se permettre de ne pas faire dans la séduction immédiate.
Mais avant One Piece, Maître Oda n’était qu’un illustre inconnu. Il a donc dû faire comme tout le monde, et entrer dans une course à la popularité, le but étant que les premiers chapitres suscitent un maximum d’intérêt.
Et si l’exercice lui a permis, très tôt, de s’assurer la popularité nécessaire à sa « survie » dans le magazine, ça a aussi affreusement bridé son talent. Parce que notre artiste est particulièrement à l’aise sur le long terme. Qu’il se sache ainsi jugé, vingt planches par vingt planches, n’a pas eu d’autre effet que de l’empêcher de travailler comme il le voulait. Et de ce mauvais départ ne sont nées que des histoires courtes tristement isolées les unes des autres. Saloperie de Weekly Shônen Jump, va !
Toutefois, pour limiter les dégâts, je soupçonne Maître Oda d’avoir décidé, en cours de route, de faire de ces histoires courtes les préparatifs d’une très longue aventure qui, en fait, n’avait pas encore vraiment commencé. Et en effet, quel meilleur moyen de masquer une amorce fragile que de l’intégrer à une structure narrative aux proportions bien plus colossales, et dont elle ne ferait qu’annoncer l’introduction ? Là où on pensait avoir déjà vu quelques péripéties, on n’aurait en fait pas dépassé la situation initiale. Il a ainsi tout repris à zéro, l’air de rien.
Et selon moi, c’est comme ça qu’il en est arrivé à une introduction de 11 tomes. En noyant celle qui ne faisait qu’un chapitre.

C’était définitivement une bonne idée, et j’ai été un peu mauvaise langue en parlant de l’achat des premiers volumes comme d’un investissement nécessaire pour apprécier la suite. Parce que Maître Oda n’a pas attendu longtemps avant de sauver les meubles. En fait, je suis convaincu que, déjà au cinquième tome, il commençait à préparer le terrain pour la véritable aventure. Et c’est là qu’il a fait preuve d’un génie certain.
Non seulement il a fait en sorte que cette énorme introduction en soit une qui tienne debout, mais il a, en plus, réussi à préparer énormément de paiements. C’est-à-dire qu’il a placé les bases de rebondissements qui surviennent des centaines de chapitres plus tard, ainsi que des questions qui, aujourd’hui encore, sont en suspens. En bref, c’est ce qu’on appelle poser judicieusement les pièces du puzzle. Un puzzle répondant, certes, au nom de One Piece, mais extrêmement complexe.
Après, il est vrai qu’on ne peut pas toujours savoir si un coup de théâtre est le fruit d’une improvisation ou non. Surtout avec un récit de cette longueur. Mais certains éléments ne laissent pas de place au doute : on sait ainsi que ce mec est capable de programmer son scénario avec au moins 40 tomes d’avance.
Un fin et patient calculateur, pour sûr.
Sauf que, la première fois qu’on lit l’introduction, on ne peut pas se rendre compte de tout ceci.
C’est bien pour ça que je vous demande de ne pas vous y fier. Entre les histoires courtes au fil rouge maigrelet, et l’absence quasi-totale de voyages aventureux et d’exotisme, vous auriez une vision bien erronée de ce qu’est One Piece. Et peut-être même que vous en auriez une mauvaise impression.
Ceci dit, rares sont ceux qui ont fait la gueule à cause de l’introduction. Au contraire, quand une œuvre joue le crescendo, on a tendance à apprécier. Et moi-même, je n’ai pas attendu de lire le 12ème volume avant de considérer que ce manga explosait la concurrence.
La différence, c’est que, si je n’avais connu que les 11 premiers tomes, jamais je n’aurais appelé Eiichirô Oda « maître », ni rédigé ce pavé. Ça n’aurait pas été du tout le même degré de fanatisme. Et de toute façon, nombre de lecteurs en témoigneront : la rupture est vraiment nette.
D’autant plus que le début du tome 12 correspond au hautement symbolique chapitre 100. Ce qui n’est certainement pas une coïncidence - compte tenu du calculateur invétéré duquel on parle - mais plutôt la preuve de ce que j’avance, et de son envie de repartir d’un nouveau pied. D’ailleurs, si ce mec pousse le bouchon jusqu’à terminer One Piece au chapitre 1000, je vais finir par le suspecter d’avoir décidé intentionnellement de naître un premier Janvier.
Mais quoi qu’il en soit, retenez ça :
Cet océan dont on parle très tôt dans le manga, qui porte le nom de Grandline et qu’on surnomme la route de tous les périls ; c’est sur celui-ci que débute véritablement l’aventure.

One Piece, ça parle de quoi ?
Un sage renouveau de la formule nekketsu, un récit aux proportions gargantuesques, et un savant mélange d’aventure, d’humour et d’émotions : tant d’appellations qui désormais vous viennent à l’esprit, à l’évocation d’un nom qui auparavant ne vous inspirait trop rien. Et en effet, si j’ai bien fait mon boulot, c’est en parfaite connaissance de cause que vous vous lancerez à la découverte de One Piece. Je ne peux, de toute façon, pas vous inciter davantage à tenter l’aventure, ni mieux prévenir les possibles déceptions : vous savez déjà tout ce qu’il est nécessaire de savoir.
Toutefois, il faudrait faire preuve d’un sacré manque de curiosité pour se cantonner au nécessaire, et ne pas vouloir davantage de renseignements sur l’histoire. Parce que, pour l’instant, vous ne connaissez guère que le thème abordé : la piraterie. Et si je vous conseille de ne pas vous documenter davantage - pour pouvoir profiter d’une expérience optimale - je sais aussi très bien que personne n’aime s’aventurer à l’aveuglette. C’est bien pourquoi je vais, tout en restant très léger sur l’information, vous dévoiler également le contexte scénaristique.
Un spoiler de la première page du manga, donc.
Comme j’y vais !

Cet homme avait amassé entre ces mains tout ce qu’il est possible de désirer.
Son nom : Gold Roger, le seigneur des pirates. Ses dernières paroles, qu’il prononça sur l’échafaud, firent se précipiter les hommes du monde entier sur les mers.
« Mon trésor? Si vous y tenez, vous n’avez qu’à le prendre. Mais il vous faudra d’abord le chercher, car je l’ai caché quelque part dans ce vaste monde! »
Et c‘est ainsi qu’une grande vague de piraterie s’abattit sur le monde entier.
Une chasse au trésor.
Voilà un point de départ à la fois simple, peu contraignant, et hautement propice à l’aventure. Maître Oda aurait eu tort de s’en priver. Et même s’il n’a rien affirmé à ce propos, la légende de Gold Roger semble être fortement inspirée de l’histoire d’un pirate français : Olivier Levasseur, ou « La Buse » de son surnom. En effet, juste avant de mourir, cet homme a jeté un papier dans la foule en s’exclamant « Mon trésor à celui qui comprendra ». Mais à l’heure d’aujourd’hui, personne n’a trouvé ce trésor estimé à, tout de même, 4,5 milliards d’euros. Donc si vous avez un coup de génie, il est encore temps d’aller récolter le butin. Et surtout, ayez une pensée pour celui qui vous a mis sur le coup.
- le bout de papier en question
Voilà pour l’anecdote.
Mais - afin que je n’enchaîne pas sur les origines probables du nom de Gold Roger et ce qu’elles impliquent de références historiques - revenons à l’essentiel en nous préoccupant du trésor laissé par le seigneur des pirates : le fameux One Piece. Car oui, c’est bien lui qui donne son nom au manga.
Et dans le genre titre mystérieux et incompréhensible, celui-ci se pose là !
Pris au sens littéral, il porte à croire que nous avons affaire à une pièce, ce qui est peu probable. Et s’il n’a pas de signification plus implicite, notre trésor ne serait alors qu’un bête tas d’or et de joyaux, ce qui n’est pas non plus très envisageable. Alors qu’est-ce que le One Piece ? Peut-être est-ce un être vivant, quelque chose de fantastique ou de conceptuel. Peut-être même qu’il n’existe pas.
On n’en sait foutrement rien.
Et tant qu’on n’a pas la réponse à cette question, je vous le donne en mille, impossible de décrocher du manga. Ce trésor est par conséquent au cœur de l’intrigue principale, qui est complétée et enrichie de tout un tas d’autres mythes et d’énigmes insolubles dont on traitera par la suite. Maître Oda s’assure ainsi de tenir les lecteurs en haleine jusqu’à la découverte du One Piece, qui promet de lever le voile sur beaucoup de zones d’ombre, et marquera très certainement la fin du manga. Une scène que tout le monde attend, donc.
Et savoir que l’œuvre est ainsi destinée à s’achever, décidément, c’est plaisant.
D’autant que le milieu ne nous y a pas forcément habitués : un blockbuster qui se conclut par l’accomplissement de la quête initiale – ou son échec, c’est selon – est en fait relativement rare. On préfère souvent exploiter le filon en rallongeant artificiellement la chose. Ce qui, au final, donne des mangas plutôt indigestes en cela qu’ils nous privent presque du plaisir fanatique de théoriser sur leur déroulement. Non seulement on n’en voit pas le bout, mais très souvent, l’auteur non plus : c’est désagréable au possible.
De plus, quand on prolonge un récit qui est censé déjà être terminé, forcément, on change d’intrigue, de ligne directrice. Et du coup, on ne fait que rajouter une histoire supplémentaire, différente de la première, mais qui en conserve les personnages et l’univers. Deux arcs indépendants, dirait-on en langage geek. Et, en soi, ça ne me gêne pas. Qu’on puisse arrêter de lire Dragon Ball après l’affrontement contre Freezer comme après le tournoi de Cell, 18 à la limite, pourquoi pas ?
C’est plutôt ce que ça engendre, dans le cas d’un nekketsu, qui me pose problème.
Vous vous souvenez de mon syndrome du nouvel OMO ? Ce principe qui veut que les personnages deviennent toujours démesurément plus forts ? Et que ceux qui, hier, étaient présentés comme invincibles soient aujourd’hui ridicules ? Et bien c’est de l’arc indépendant que naît ce syndrome. Parce qu’après avoir bouclé une histoire où le héros tue le grand méchant, le contexte scénaristique est tel qu’on ne peut pas poursuivre la série sans jouer la surenchère avec un méchant encore plus fort. C’est impossible. Et on massacre obligatoirement la cohérence de l’ensemble, avec ça.
Donc, dans l’idéal, il faudrait éviter de trop tirer sur la corde, et s’en tenir à ce qui était prévu. Ce qu’une écrasante majorité des auteurs de blockbusters ne fait pas, bien entendu. Principalement parce qu’aucun n’attendait pareil succès. Et si, pour garantir une logique d’ensemble tout en surexploitant la licence, les solutions existent, elles ne s’improvisent effectivement pas.
Il fallait viser haut dès le départ.
Et, par exemple, prendre le parti de changer totalement de contexte et de personnages à chaque nouvel arc. Ce qui transforme la série en une sorte de recueil d’histoires courtes, que – en cas de gros succès - l’auteur peut étendre à volonté. Le risque étant, à force de diversité, que l’œuvre perde en identité. Mais on notera que JoJo’s Bizarre Adventures – qu’on m’a conseillé et que je n’ai toujours pas lu - fonctionne sur ce système, et qu’il a, selon les dires, un véritable cachet. Comme quoi, c’est possible.
Sinon, on peut, comme Maître Oda, adopter un schéma moins prise de tête et plus classique, à la Super Mario Bros 19 , qui nous laisse libres d’improviser autant de « mondes » qu’on le souhaite avant le dénouement final attendu de tous. En fait, il s’agit de tout miser sur une seule intrigue permissive. Ainsi, au 60ème tome, on nous explique encore que le One Piece est dans un autre château. L’important, pour que cela n’accuse pas les mêmes tares que tous ces blockbusters interminables, ni ne soit lassant, c’est que l’intrigue principale – j’en reviens là – soit en béton armé.

Qu’ajouter à cela ?
Si ce n’est « enfin un nekketsu qui se vend et dont le scénario ressemble à quelque chose » ?
Probablement rien. C’est même ce qui – avec « One Piece, One Goal, One Mission » 20 - résume le mieux tout ce que je viens d’avancer. On va donc pouvoir passer à la partie la plus intéressante de cette review, puisque je vais m’attaquer maintenant à l’univers du manga !
Notes et références
Quitte à faire long, autant caser des mots clés de tous horizons.
1 : Le logo "Avez-vous déjà vu ?" est tiré de la série d'animation française homonyme. En voilà un épisode.
2 : Alfred Borden est un personnage de fiction inventé par Christopher Priest pour son roman intitulé Le Prestige. Mais la phrase que j'ai citée vient de l'adaptation cinématographique du roman.
3 : Osamu Tezuka (1928 - 1989) n'est ni plus ni moins que l'un des plus illustres mangakas de l'Histoire. Pour plus d'informations, je vous renvoie sur sa page Wikipédia.
4 : Avec à peu près 250 millions d'exemplaires, Dragon Ball est encore le manga le plus vendu à travers le monde. Tout de même.
5 : L'homme élastique complètement niais, c’est le héros du manga. Et voilà à quoi il ressemble.
6 : Masashi Kishimoto, c'est le mangaka à qui l'on doit Naruto.
7 : Hiro Mashima et, dans un genre plus réaliste, Toshio Sako font partie des quelques charadesigners que j'ai voulu exclure du propos, en écrivant "que trop rarement" et pas "jamais". Il y en a d'autres que j'aime bien, mais là, tout de suite, je ne les ai pas en tête.
8 : http://marimopancake.tumblr.com/post/20 ... -one-piece
9 : "Le nouvel OMO" est moqué par Coluche dans son sketch sur la publicité, en partie parce qu'il lave "plus blanc que blanc". Je m'en suis donc servi, ici, comme symbole de la surenchère.
10 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Suspensio ... ulit%C3%A9
11 : Référence aux Inconnus et à leur sketch parodique de Bioman.
12 : Pour les rares qui ne verraient pas, voilà Alien, et voilà Monstres & Cie.
13 : Tous ces objets-là, je les connais grâce à un site : Nioutaik.fr !
14 : Une petite minute sur cette vidéo et vous aurez compris ce qu'est Rémi Sans Famille.
15 : On notera que les premiers flashbacks ne sont pas particulièrement tragiques, la convention ayant mis du temps à se mettre en place.
16 : En fait, il aurait été plus juste de parler de salade. Parce que, le plus souvent, il n'y a pas de mélange, mais juste une alternance.
17 : Voilà quelque chose que je n’ai appris qu’officieusement. Si c’est faux, qu’on me prévienne !
18 : Après ces deux événements, le manga n’avait scénaristiquement plus de raison de continuer : pas de question en suspens, ni de but inachevé.
19 : Super Mario Bros est un jeu vidéo qui propose au joueur de sauver une princesse, en parcourant huit mondes et en battant un grand méchant à la fin de chaque. Huit mondes, mais une quête qui semble unique en cela qu'on ne délivrera la princesse qu'à la fin du huitième monde.
20 : C'est une référence à la chanson One Vision du groupe Queen. Les paroles originales sont "One Man, One Goal, One Mission".