Ce bouquin est une bénédiction. Ou une malédiction, c'est selon, parce qu'il vous sera difficile de le refermer sans vous demander si votre régime alimentaire ne mérite pas d'être copieusement revu... Alors là, vous vous dîtes sans doute "Ok, ça doit être un brûlot à charge contre les carnivores dans mon genre. Un truc bien culpabilisant et donneur de leçons". Or, pas du tout. C'est même ce qui fait tout l'intérêt de ce livre, qui est à la fois une enquête de terrain largement documentée, mais aussi un véritable objet de réflexion qui laisse filtrer doutes, émotions, humilité, recul, nuances, humour, courage, convictions... Comme si on se trouvait quelque part à la croisée de la littérature, de la philosophie, du reportage d'investigation, et du témoignage intime. Savant mélange, troublant d'intelligence, étonnamment limpide et prenant.
Je pense d'ailleurs que cette multiplicité des angles d'analyse se justifie 100 fois sur un tel thème, qui mobilise à peu près tout ce qu'on est. Le rapport nourriture/culture est un sujet dont on ne soupçonne pas forcément tout ce qu'il soulève de passionnant et fondamental.
Après, vous vous doutez bien que vous n'y apprendrez pas que des choses franchement ragoûtantes, mais s'il vous intéresse d'ouvrir les yeux sans pour autant vous sentir tyrannisé, c'est à ma connaissance ce qu'il faut lire en priorité. J'avais pris des tas de notes, tant le contenu est riche sur le plan environnemental, scientifique, philosophique... Mais à moins de faire des copies de chapitres entiers, je ne pourrai jamais qu'effleurer la portée de l'ensemble. Alors je me contenterai de dire que "Faut-il manger des animaux ?" est bien plus qu'un outil de promotion pour la cause végétariste, il est la quintessence d'un débat essentiel. Garanti qui plus est sans moralisme grossier.