trois plombes et demi plus tard, je reprends sur Marc Lévy.
Déjà pour dire que je devais vivre dans ma grotte à cette époque parce que j'en avais entendu que du bien. Et donc j'ai acheté 3 livres d'un coup. J'ai commencé par Les enfants de la liberté : sur fond de Seconde Guerre Mondiale on suit les aventures dans la Résistance d'une bande d'ados. Au résumé, un peu dubitative, je me suis quand même dit : "pourquoi pas". Pas envie de réfléchir, envie d'un livre qui se lit vite, bien, un truc léger, qui vide la tête. A la fin du livre j'ai bien cru ne jamais pouvoir retrouver les neurones qu'il m'avait piqué !
Les deux autres c'est Et si c'était vrai ? et Où es-tu ?
et vraiment Auré n'y voit aucun mépris mais j'en souris encore rien qu'à écrire les titres. C'est simple, mon cher et tendre pensait que je lisais un truc drôle, alors je lui lisais des passages et lui il comprenait pas trop où je voulais en venir. En fait, je crois que c'était un rire de malaise parce que j'étais choquée de tant de simplisme et de niaiserie. J'exagère pas quand je dis que j'avais l'impression de lire un scénario de téléfilm TF1. Mais vois-tu, j'ai persévéré, parce que je ne pouvais pas croire à tant de malhonnêteté de la part d'un écrivain. Oui, parce que pour moi, il est malhonnête. Quand il défend la littérature populaire en se mettant dedans, et la fleur au fusil, une rose dans la bouche, il défend le pauvre peuple qui lit, enfin, grâce à lui. Mais il est pas populaire, il est juste nul. Et pour moi oui, on peut dire qu'il y a des critères pour décider de ça, mais que ces critères tu les acquiert plus facilement quand tu lis beaucoup, et beaucoup de styles différents. Tu vois tout de suite la supercherie du coup. Je sais pas, c'est comme Grégoire quoi. Tout est cousu de fil blanc, tu sais où il va t'emmener, tu connais la construction de chaque phrase, il n'y a aucune profondeur, aucune image, aucun...aucun Art quoi. Juste du factuel, du mielleux enrobé parfois de pseudo réflexions philosophiques du genre "On est tous l'étranger de quelqu'un", "la vie se goute à l’appétit de tous les jours", "on n'invite pas la mort, elle s'impose", et autres banalités indigestes...
Ce ne sont pas la banalités qui me gênent, mais la manière si plate et évidente de la raconter. J'aime beaucoup les récits sur le quotidien, sur les choses banales que certains écrivains rendent belles, mais lui il a tout faux. Les ficelles sont énormes, et ses formules ultra rabachées donnent toujours l'impression qu'il les a piquées ailleurs, en les modifiant trèèès légèrement. Le pire, c'est le ton des livres : solennels, tu sens le mec qui se regarde écrire et qui se répète ses propres phrases, le regard perdu vers l'océan, le mec qui se prend au sérieux.
Oui, j'ai eu l'impression d'être prise pour une conne en le lisant. J'avais envie de lui écrire sur un post-it "Non mais tu te fous de ma geule ?"
Il n'y a même pas d'histoire en fait, juste une idée de base autour de laquelle il tricote, avec le style "j'ai pas de style". Je suis entièrement d'accord avec le lien qu'a laissé Silver, et c'est pour ça que je pense que ce mec prend les gens pour des cons. Pour moi, ce serait comme si Lorie voulait éduquer musicalement les gens. Une imposture.
Voilà, je sais que c'est très tranché comme opinion, mais je ne trouve rien de défendable chez ce mec. J'ai envie de dire aux gens qui le lisent que si vous avez des minutes à consacrer à la lecture, il faut viser mieux. Il y a des tas de livres pas plus durs à lire, ou alors plus durs mais tellement passionnants qu'on fait pas gaffe. On peut se vider la tête "intelligemment". On peut se vider la tête en regardant un Tarentino. Ou Secret Story. C'est un choix, mais des deux permettez-moi de dire lequel de ces deux programmes est une merde.
Il faut pas se laisser formater, se trouver des excuses du genre "je veux pas me prendre la tête, je veux lire simple". Simple, ça veut pas dire débile. Et Marc Levy écrit des livres débiles, bourrés de stéréotypes cons à en pleurer. Je pense que tout le monde est capable de mieux, mais n'est pas habitué à chercher plus loin. On prend ce qu'on nous propose et basta ! Je ne méprise pas ses lecteurs, que ce soit clair, au contraire, je me dis que c'est dommage parce que quand quelqu'un est un potentiel lecteur il faut le pousser à ne pas se contenter des choses évidentes mais qui ne pousseront pas à progresser. Parce que en tant que lecteur on progresse. Plus on lit, plus on est capable de lire toutes sortes de choses. Et avec un livre sur les mêmes thèmes éculés (amour, mort...), mais bien écrit, le plaisir sera décuplé et tu auras l'impression de ressortir enrichie et pas que "vidée". Un bon livre va te pousser à lire toujours plus de choses différentes, à te renseigner sur des thèmes, etc. Un bon livre, ça te rend curieux et pas seulement consommateur.
Par exemple, sur la vie, sur l'ironie de la vie, sur l'amour, le couple, le temps, l'humour, sur l'art et plein d'autres choses, y a Kundera. Il a écrit des trucs magnifiques. Et on en fait tout un foin, mais il est pas si difficile à lire. Moi il m'a happée, et j'ai l'intégral maintenant quasiment.
J'espère ne pas trop avoir froissé une certaine lectrice
.
"Former les hommes, ce n’est pas remplir un vase, c’est allumer un feu." Aristophane.